
Marché des céréales
Le blé tendre au plus haut depuis 14 ans
Blé tendre
Après plus de 10 semaines de hausse consécutive, le cours du blé sur le marché à terme a dépassé les 300€/t, affichant même 310€/t ce lundi. Le cours du blé n’avait pas atteint ce niveau depuis 2007. Et cela s’explique tout simplement par les fondamentaux du bilan : une demande importante dans un contexte de réduction de l’offre.
Encore ces dernières semaines, la demande internationale était importante. Après l’Algérie et l’Egypte la semaine dernière, la Turquie est à l’achat cette semaine pour 400 kt de blé meunier. La Chine n’est pas en reste et a également contractualisé du blé français la semaine dernière.
Face à cela, des disponibilités revues encore une fois à la baisse. Après les annonces de la petite récolte russe cet été, la mise en place de taxes puis de quotas à l’exportation par le gouvernement russe a fortement contribué au renchérissement des cours. Puis récemment, la sécheresse en Amérique du Nord et les craintes sur la récolte australienne à venir amplifie le phénomène. Les fortes précipitations des dernières semaines sont susceptibles d’avoir dégradé les récoltes dans un contexte où aucun incident climatique n’est permis compte tenu de la tension des bilans.
Dans son dernier rapport publié le 18 novembre, le CIC a baissé de 3Mt la prévision de production mondiale de blé tendre pour la campagne en cours. Le CIC a réduit drastiquement la production iranienne, sans toucher ce mois-ci à la production australienne alors que les inquiétudes sont importantes. Faudra-t-il s’attendre le mois prochain à une baisse de la production ? Quoi qu’il en soit, avec une consommation presque inchangée, le bilan se tend déjà. Mais surtout, les stocks chez les principaux exportateurs sont au plus bas depuis 9 ans.
Si l’on regarde la situation pour la campagne 2022/23 à venir, celle-ci s’annonce meilleure pour le moment. Selon les derniers chiffres de Céré’Obs, au 22 novembre, 97% des surfaces de blé tendre ont été semées, et les conditions de cultures, à 99% de surfaces jugées dans un état bon à très bon, sont excellentes. Mais compte-tenu des difficultés de disponibilités en engrais, certains analystes tablent sur des baisses d’assolements. Agritel estime des surfaces en retrait pour le blé d’environ -110 000 ha par rapport à 4,974 Mha en 2021.
Maïs
La récolte de maïs français touche à sa fin. Au 22 novembre, 97% des surfaces sont récoltées, et les rendements sont exceptionnels. Le CIC, dans son dernier rapport, a augmenté de +0,5Mt la production française et les producteurs français de maïs annoncent même une production entre 16Mt et 16,5Mt. La production ukrainienne est estimée à 38,5Mt dans ce rapport, mais le ministre de l’Agriculture a augmenté son estimation de la récolte de maïs en 2021 pour la situer à un niveau record de 40 Mt.
En début de semaine, le marché de Chicago concernant le maïs était en baisse. La fermeté du dollar, au plus haut depuis 16 mois, est peu favorable aux exportations US. Il faut dire que la reprise économique mondiale est incertaine et les banques centrales sont partagées entre le soutien de cette reprise et la lutte contre l’inflation. D’ailleurs, en Europe, la résurgence des cas de Covid entraîne la mise en place de nouvelles restrictions, comme c’est le cas en Autriche par exemple où la population est reconfinée.
Face à la hausse marquée du prix du blé, le maïs est donc attractif pour les fabricants d’aliments et le secteur de l’éthanolerie. Même si Stratégie Grains a revu en hausse la prévision de production européenne de maïs, à 68Mt, ce dernier augmente de +1,1 Mt sa prévision d’importations pour l’UE (15 Mt), en raison de cette forte demande.