Marché des céréales
Quelles perspectives pour la prochaine récolte mondiale de blé ?
Blé tendre
Alors que le marché actuel est peu porteur, les opérateurs commencent à se projeter sur la prochaine campagne. En ce début d’année le Conseil International des Céréales mise sur une production mondiale de blé en repli de 2% en 2018/19, à
742 millions de tonnes et table sur une demande ferme, supérieure à la production, qui devrait conduire à recul des stocks mondiaux, pour la première fois depuis la campagne 2012/13. Cette baisse des prévisions de production s’explique par un fléchissement des surfaces dédiées au blé de 1% à l’échelle de la planète. Dans l’Union Européenne, le CIC estime la surface en baisse de 2% (25,9 millions d’hectares), notamment en raison des conditions humides au moment des semis en particulier dans les Etats-Baltes et en Allemagne où l’on s’attend à une baisse encore plus marquée (-5%). Pour le moment, les conditions hivernales clémentes conduisent à considérer des rendements tendanciels. En Russie, les semis de blé d’hiver sont également en repli (1%), tandis que les surfaces en blé de printemps ne devraient guère bouger. Les températures anormalement douces de cet hiver, malgré quelques couvertures neigeuses, accentuent le risque de gel pour la fin de l’hiver. Toutefois, les températures plus basses de ces derniers jours ne sont pas encore préoccupantes. En Ukraine, les surfaces devraient par contre augmenter de 2%. Là aussi le manque de manteau neigeux pourrait être préjudiciable, mais pour le moment les températures ne sont pas suffisamment basses pour générer des dégâts. Quant aux Etats-Unis, si les surfaces dédiées au blé d’hiver baissent pour la 5eme année consécutive, celles de blé de printemps sont attendues en hausse, permettant un retour à la hausse de la surface totale de blé aux USA (+2% par rapport à 2017). Toutefois, après des mois de faible pluviométrie, l’état des cultures dans les principaux Etats producteurs des grandes Plaines était peu encourageant et la récente vague de froid a généré des inquiétudes quant au potentiel de rendement d’un certain nombre de parcelles. A ce stade, le CIC prévoit une baisse du stock de blé à l’issue de la campagne 2017/18, notamment chez les principaux pays exportateurs. Même si le stock mondial reste confortable, plus de la moitié est situé en Chine et n’influe pas les cours mondiaux. C’est surtout le stock disponible pour les échanges mondiaux qui impactent les cours, ce qui conduit à une grande vigilance sur l’évolution des conditions des cultures dans les mois à venir, principalement en Europe, en Russie et aux Etats-Unis.
Pour le moment, le marché français reste toujours focalisé sur son manque d’activité à l’exportation, l’évolution de l’Euro continue de limiter les chances de voir émerger de nouvelles affaires à court terme en dehors des traditionnelles transactions, notamment vers l’Algérie.
Maïs
Concernant la campagne actuelle, dans son dernier rapport, le Conseil International des Céréales a augmenté son estimation de la production mondiale de 14 millions de tonnes, à 1054 Mt, ce qui reste toutefois inférieur à l’an passé et inférieur aux prévisions de consommation (1068 Mt). C’est surtout en Europe que les chiffres sont revus en hausse (+ 5,3 Mt à 64,6 Mt), notamment en raison de la Roumanie. Ce pays enregistre finalement sa plus belle récolte depuis 13 ans, à 14,4 Mt. L’estimation pour la France est également revue en hausse, en ligne avec l’estimation du Ministère de l’Agriculture, à 13,8 Mt. En Amérique du Sud, malgré des conditions climatiques peu propices aux semis, le CIC maintient ses prévisions de production inchangées, à 90,2 Mt pour le Brésil (97,8 l’an dernier) et 49,2 MT pour l’Argentine (49,2 Mt l’an dernier), conscient que ces chiffres ont un potentiel de baisse.
Cette semaine le marché à terme de Chicago a continué son mouvement de rebond, toujours soutenu par les inquiétudes climatiques en Argentine, où les fortes chaleurs et la sécheresse perdurent, et au Brésil où de fortes pluies perturbent la récolte du soja et les semis des maïs safrinha. Par ailleurs, la faiblesse du dollar et les mouvements des fonds d’investissements accentuent la tendance.
Le marché européen reste quant à lui peu ou prou inchangé.
Pour information, le CIC a réalisé des ajustements conséquents sur la consommation intérieure de maïs en Chine depuis le début des années 2000, aboutissant ainsi à un stock de report à 190,6 Mt, au lieu de 76,2 Mt. Ceci étant, ces modifications, bien que très conséquentes, affectent peu le marché mondial dans l’immédiat, les importations de la Chine restant toujours estimées à 3 Mt.
Orge
En Orge, c’est surtout le marché actuel qui fait la une. Le stock mondial de report est attendu en repli de 8 % à l’issue de la campagne actuelle. Même si le CIC revoit à la hausse sa prévision de production pour l’Argentine (+0,3 à 3 Mt) et pour l’Australie (+0,5 à 8,7 Mt), ces deux pays exportateurs connaissent une nette baisse par rapport à la campagne passée (respectivement -9% et -35%). Sachant que le Canada et l’Ukraine ont également réduit leur production, la production mondiale est estimée en en repli de 3% et surtout, les disponibilités pour les échanges mondiaux s’avèrent peu élevées, ce qui se traduit par une fermeté des cours de cette céréale depuis déjà quelques mois.
Cette semaine, le prix de l’orge fourragère a même dépassé celui du blé meunier en rendu portuaire, résultat d’une forte demande pour des affaires à destination des Pays Tiers.
Erratum : contrairement à ce que nous écrivions la semaine passée, l’Argentine ne prévoit pas de modifier ses règles à l’exportation en blé. C’est pour la fève, le tourteau et l’huile de soja que l’Argentine a diminué ses taxes à l’exportation début janvier.