Marché des céréales
Redéploiement des échanges commerciaux d’orges en cours
Comme l’an passé, 27 Mt d’orges seront exportées dans le monde. Mais la campagne d’exportations est plus compliquée. Les quantités de céréales disponibles sont différemment réparties et les tensions diplomatiques entre la Chine et l’Australie réorientent les échanges commerciaux.
Au cours de la semaine écoulée, les nouvelles augmentations des cours du blé sur le marché de Rouen avaient accentué la décote du prix de l’orge (21-22/t). Depuis la céréale a regagné quelques euros si bien que cette décote est de nouveau inférieure à 20 €/t. La réévaluation du dollar ces derniers jours y a contribué, altérant, par ricochet la compétitivité du blé américain.
Bon marché, l’orge fourragère est convoitée. Ces derniers jours, l’Arabie saoudite en a acheté 540 000 tonnes et l’Algérie 140 000 t. Durant la campagne, le royaume wahhabite devrait importer 7,5 millions de tonnes d’orges (Mt) et l’Algérie 400 000 t, selon l’USDA, l’institut de statistiques américaines.
Or les échanges commerciaux d’orges dans le monde portent sur 27 Mt, soit 17 % de la production mondiale et les 700 000 tonnes d’orges récoltées en plus seraient destinées à l’exportation.
L’an passé, le commerce mondial de la céréale portait sur 26,3 Mt.
Mais les conditions climatiques favorables dans certains pays producteurs, défavorables dans d’autres, ont modifié la répartition des quantités de grains exportables entre les pays exportateurs.
A l’export, la Russie propose 5,1 Mt (+ 1 ,1 M), l’Ukraine 5 Mt (+0.3 Mt) et l’Australie 4,4 Mt (+1.2 Mt) alors que l’Union européenne ne dispose plus que de 5,7 Mt (-2,1 Mt sur un an).
Par ailleurs, en taxant à 80,5 % l’orge australienne, la Chine a décidé de se passer d’un marché de 4,4 Mt de grains sans pour autant renoncer à en importer 5 Mt.
Résultat un redéploiement des échanges commerciaux entre pays exportateurs et importateurs est en cours : seuls huit pays producteurs d’orges sont en mesure d’en exporter plus d’un million de tonnes cette année à un nombre restreint de pays.
Outre la Chine et l’Arabie saoudite, les autres pays importateurs majeurs sont l’Afrique du Nord (3 Mt) et en particulier la Lybie (1,2 Mt) qui revient en force sur les marchés.
En Asie, le Japon achètera 1 Mt d’orges tandis qu’au Moyen Orient, l’Iran en importera 3 Mt de Russie et du Kazakhstan même si ce dernier ne dispose que de 1,5 Mt.
Sur les 5,7 Mt d’orges exportables depuis l’Union européenne, les Vingt-sept états membres pourraient en vendre 2 Mt en Chine, essentiellement d’origine française. La France fait en effet partie des pays autorisés à exporter vers l’ex-empire du milieu avec le Royaume-Uni, l’Argentine, l’Ukraine, le Kazakhstan et le Canada. En conséquence, la Chine s’adressera à ces pays pour s’y approvisionner au fil des mois, en fonction des quantités de grains disponibles.
Selon l’institut Agriculture agroalimentaire du Canada, la production d’orges (10,1 Mt) sera la deuxième plus importante des dix dernières campagnes après celle de 2019. Combinée à des stocks de début de campagne élevés, l’offre (11 Mt) devrait cependant être supérieure. Et comme moins d’orges seront utilisées par l’élevage, le Canada sera agressif à l’export en utilisant l’arme des prix.
En Argentine, les prévisions de l’USDA portent sur 2,2 Mt de grains exportables hors malt si les conditions climatiques n’altèrent pas le potentiel de production du pays.
La Chine importera aussi du blé durant la campagne (7 Mt selon l’USDA) mais à la différence de l’orge, le pays n’a que l’embarras du choix pour choisir ses pays fournisseurs. Mais l’ex-empire du milieu ne cache pas sa préférence pour le blé français depuis le début de la campagne.
En attendant, la prochaine campagne de céréales à paille se joue dans les toutes prochaines semaines dans l’hémisphère nord. Or les précipitations se font toujours attendre dans une grande partie des plaines du bassin de la Mer Noire en pleine période de semis mais aussi en Europe occidentale. Sinon, de nouveaux redéploiements commerciaux sont à prévoir.
Sorgho : la moitié de la production européenne (1Mt) est française (480 000 t)
L’Union européenne récoltera 1 Mt de sorgho sont 480 000 tonnes en France où la culture se développe. Il y a cinq ans, seules 240 000 t de grains avaient été récoltées.
60 Mt de sorgho seront produites dans le monde durant la campagne, soit 2 Mt de plus que l’an passé (+ 1 Mt au Soudan et + 300 000 t au Nigéria notamment).
Les Etats-Unis sont le premier pays producteur (9 Mt) et exportateur (6,7 Mt) de sorgho au monde
A l’échelle mondiale, seules 8,1 Mt sont exportées dont 6,1 Mt en Chine. La céréale est d’abord produite pour approvisionner les marchés intérieurs des pays producteurs.
Révolution agricole en Algérie
Troisième pays importateur au monde de blé au monde, l’Algérie veut augmenter de 30 % sa production de céréales afin de réduire son déficit commercial agroalimentaire de 845 millions d’euros.
Pour cela une vaste opération foncière portant sur près de 3 millions d’hectares a déjà été lancée. 750 000 ha de terres seront du reste remis en cultures jusque dans les zones sahariennes et 20 000 autres hectares seront irrigués.