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hebdo N°16 - Vendredi 23 avril 2021

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Actualités de la filière

Rubriques

une loi EGAlim 2 s’impose




Compléter EGAlim ou renoncer à la souveraineté alimentaire, il faut choisir !

Les résultats des négociations 2021, communiqués le 20 avril par le Médiateur des relations commerciales agricoles, sont sans appel. Après huit ans de déflation, la destruction de valeur se poursuit : – 0,3 %, malgré la flambée des prix de certaines matières premières agricoles et malgré l’appel à la responsabilité du Gouvernement. C’est une immense déception pour tous ceux qui travaillent au service de la souveraineté alimentaire. La guerre des prix en rayons est en train de casser une agriculture, une industrie, et toute une filière. Devant cet échec, une loi EGAlim 2 s’impose, avec l’impératif de recréer de la valeur pour toute la filière ; c’est la dernière chance de cette législature pour répondre à l’objectif de souveraineté affiché par le président de la République.

Le constat d’une destruction de valeur historique

À l’issue des négociations commerciales 2021 les chiffres sont éloquents : dans un contexte de hausse du prix des matières premières et de tension sur les approvisionnements en intrants industriels, toutes les catégories de produits ont vu leurs prix de cession (3 net) baisser, à l’exception d’une légère hausse dans les produits laitiers frais. Or les entreprises alimentaires avaient besoin d’une revalorisation de 3 % en moyenne pour couvrir leurs coûts.

Conséquence, cette année le taux de marge des industries agro-alimentaires atteint son plus bas niveau historique. Depuis la mise en œuvre de la LME en 2009, il a baissé de près de 40 %, et plus de 7 milliards d’euros ont été détruits dans l’ensemble de la filière alimentaire depuis le début de la guerre des prix en 2013.

Pour un prix qui rémunère vraiment le travail de la filière

Les entreprises de l’alimentation, de toutes tailles et de tous statuts, représentées par les organisations signataires, en appellent collectivement à un prix juste des produits alimentaires. Un prix juste qui prenne en compte l’ensemble des coûts de production. Un prix juste qui permette de mieux rémunérer l’amont agricole, mais aussi les entreprises de l’alimentaire. Un prix juste qui permette d’assurer la transition alimentaire pour conjuguer plus d’innovation, plus de local, plus de durable, comme les consommateurs l’exigent. Le retour à une inflation raisonnée et cohérente se traduirait par une contribution d’au plus 1,5 € par ménage et par mois : sans effet à redouter sur le front du pouvoir d’achat.

Nécessité d’agir sur le bon levier

Les entreprises de l’alimentation interpellent donc le Gouvernement : voulez-vous vraiment une filière alimentaire française ?

Pour assurer sa viabilité économique de l’amont à l’aval, il n’y a qu’une solution : renforcer la protection du tarif des fournisseurs industriels. Parce que la protection du tarif, ignorée par la loi EGAlim de 2018, est la seule façon de créer réellement de la valeur et de la diffuser dans toute la filière.

À cette fin, l’ANIA, La Coopération Agricole, la FEEF et l’Ilec en appellent à une loi EGAlim 2, qui contienne les mesures appropriées à un renforcement du tarif fournisseur.

Entre renoncement à la souveraineté alimentaire ou EGAlim 2, il faut choisir !

GEL EXCEPTIONNEL



La FNSEA salue la mobilisation rapide
et forte du Gouvernement

La FNSEA, après avoir appelé à une réaction de l’Etat à la hauteur de l’enjeu à la suite de l’épisode de gel exceptionnel qui frappe le pays depuis deux semaines et anéantit des mois de travail pour de nombreux agriculteurs, salue la mobilisation rapide et forte du Gouvernement.

En déplacement dans des exploitations agricoles de l’Hérault, le Premier Ministre et le Ministre de l’agriculture ont en effet pu mesurer une nouvelle fois le caractère historique qui a frappé l’ensemble du territoire à une période avancée du développement de la végétation.

Face à des pertes, dont les évaluations confirment les craintes exprimées dès la semaine dernière, qui vont se chiffrer à plus de trois milliards d’euros, notamment en viticulture et en arboriculture, le Premier Ministre a annoncé des mesures permettant de faire face aux premières urgences et d’être en capacité de donner de la visibilité aux agriculteurs touchés.

L’effort annoncé à hauteur d’un milliard d’euros va permettre d’alléger les charges immédiates qui continuent à courir et de trouver des solutions de trésorerie pour faire face à l’absence de recettes. L’année blanche de charges sociales, le chômage partiel et le dégrèvement de TFNB étaient des mesures attendues et demandées par la FNSEA. La mise en place d’un fonds de solidarité dans l’attente des indemnisations est également une avancée importante pour éviter des situations de cessations de paiement.

Les annonces sur les indemnisations qui vont permettre de couvrir tous les agriculteurs concernés, qu’ils relèvent ou non du fonds des calamités, étaient aussi nécessaires au regard de la situation exceptionnelle du gel.

Sur l’ensemble de ces mesures, des travaux sont à engager afin d’en connaitre les modalités. Une première réunion se tient lundi présidée par le Ministre de l’agriculture. La FNSEA et ses filières y participeront pour faire en sorte que les annonces se traduisent concrètement par mesures efficaces.

Enfin, la FNSEA se félicite vivement des annonces de mesures structurelles sur la réforme du système de gestion des risques en agriculture et sur la réforme de la politique de gestion de l’eau. Des annonces qui répondent aux demandes portées depuis de nombreux mois dans le rapport d’orientation de la FNSEA en vue de permettre aux agricultrices et aux agriculteurs de notre pays de faire face au changement climatique. L’annonce du doublement de l’enveloppe du plan de relance fléchée sur la gestion des risques et l’appui à l’investissement dans des outils de prévention en constitue une première concrétisation.

Souhaitons que cet épisode de gel permette une véritable prise de conscience en vue de faire avancer ces dossiers capitaux pour l’avenir de l’agriculture française. Pour l’avenir de notre souveraineté alimentaire.

CAP PROTEINES



Innovons pour la souveraineté protéique de la France

Conséquence d’événements climatiques complexes et de bio-agresseurs, la production de graines d’oléo-protéagineux a drastiquement diminué de 20% en seulement 2 ans. En parallèle, la France continue d’importer 50% de ses tourteaux, du soja d’Amérique, afin d’alimenter ses élevages.
C’est dans ce contexte complexe que Terres Inovia et l’Institut de l’Elevage pilotent un important programme de recherche, développement, innovation et transfert : « Cap Protéines, innovons pour notre souveraineté protéique ». Multi-partenarial et d’une durée de deux ans (jusqu’à décembre 2022), celui-ci bénéficie d’une enveloppe du plan France Relance de 20 millions d’euros qui vient renforcer 33,5 millions d’euros de budget de la filière des huiles et protéines végétales. Cap Protéines contribuera à la réussite du Plan Protéines 2030, fruit du travail réalisé à travers les plans de filière pendant plusieurs années et le plan France Relance récemment initié par le gouvernement. L’objectif : propulser la stratégie nationale pour assurer la souveraineté protéique française. Le gouvernement a doté le Plan Protéines de 100 millions d’euros pour ses deux premières années, 2021 et 2022.

Répondre aux enjeux de souveraineté et de compétitivité

Cap Protéines met en œuvre un important dispositif partenarial d’expérimentations, de productions de références et de communications techniques. Le programme s’engage à mobiliser les 100 000 producteurs d’oléoprotéagineux et les plus de 100 000 éleveurs de ruminants français autour de ce projet qui implique plus de 200 partenaires techniques. Cet investissement dans l’innovation en grandes cultures et en élevage vise à donner aux agriculteurs et aux éleveurs les outils techniques pour assurer la souveraineté protéique et la compétitivité des exploitations et de la Ferme France. Avec, en ligne de mire, l’objectif d’accroître de 40% des surfaces de légumineuses, de maintenir les 2 millions d’hectares en oléagineux et de valoriser les 13 millions d’hectares de prairies déjà existantes.

Ainsi, pour les légumineuses à graines (pois, féverole, lupin d’hiver et de printemps, soja, lentille, pois chiche), seront mis(es) en place :

  • 60 dispositifs observatoires avec une trentaine de partenaires économiques,
  • Le suivi de plus de 600 parcelles,
  • 80 animations terrain,
  • 30 plateformes de démonstrations


Pour le volet élevage seront mis en place :

  • 40 plateformes d’expérimentation et de démonstration
  • 60 essais agronomiques et zootechniques
  • 330 fermes pilotes
  • 10 outils d’aide à la décision
  • 1 semaine de l’autonomie protéique

Cap Protéines, un programme en 5 projets

 

  1. Evaluer et diffuser de nouvelles variétés de légumineuses et d’oléagineux à haute teneur en protéines
  2. Accroître la compétitivité et la durabilité des productions oléoprotéagineuses
  3. Répondre à la transition alimentaire par des produits locaux, durables et diversifiés
  4. Développer l’autonomie protéique des élevages de ruminants
  5. Partager les informations du producteur au consommateur

Avec le plan protéines, d’ici 2030, les surfaces en oléo-protéagineux et légumineuses fourragères auront doublé pour atteindre 8 % de la SAU, soit 2 millions d’hectares.

Atteindre cette ambition nécessite des évolutions structurelles majeures des modèles de production dans les exploitations agricoles à dominante végétale et animale, qui impliquent de :

  • Réussir une diversification des assolements par l’innovation (nouvelles variétés, techniques agronomiques…), l’introduction massive de légumineuses dans les assolements, la préservation des productions d’oléagineux et l’amélioration du taux protéique des céréales ;
  • Faire évoluer les pratiques de production : expertise agronomique, gestion par approche système de culture,... ;
  • Investir dans la recherche de nouveaux modèles de production animale : génétique animale, rationnement, optimisation de la valorisation des ressources fourragères… ;
  • Innover dans la diversification des productions fourragères riches en protéines destinées aux troupeaux de ruminants.

Objectif : réduire 3 vulnérabilités

La souveraineté protéique vise à réduire des vulnérabilités majeures. Cap Protéines permet ainsi de créer une dynamique qui vise à :

  • Couvrir le déficit en protéines végétales de type légumineuses destinées à l’alimentation humaine pour répondre à une augmentation de la demande (hausse de la démographie mondiale, flexitarisme, attente de produits locaux…).
  • Réduire la dépendance de la France aux importations de protéines végétales destinées à l'alimentation animale, pour certaines liées à de la déforestation, fréquemment issues de cultures OGM et impactantes d’un point de vue environnemental (transport…) doit être réduite.
  • Renforcer l’autonomie protéique des exploitations d’élevage de ruminants (autonomes à 44% pour les caprins, 62 % pour les bovins lait, 86% pour les ovins viande et 87% pour les bovins viande) et augmenter leurs capacités de production de fourrages riches en protéines (légumineuses, protéagineuses…).