Marché des céréales
Les incertitudes sur les taxes à l’export russes sèment le trouble sur le marché du blé
Semaine de forte volatilité pour les céréales en raison notamment des rebondissements de la politique à l’export russe et de la demande extérieure qui demeure forte pour les origines européennes
Du côté du blé, la volatilité des cours était largement due aux aléas de la politique russe qui souffle le chaud et le froid sur le marché export. En effet, après avoir annoncé la mise en place de quota pour limiter les exportations et garantir les réserves stratégiques du pays dans le contexte de pandémie, il semblerait que le gouvernement russe ait finalement renoncé à baisser encore davantage ces quotas. Quant à la question de la mise en place d’une taxe, le flou persiste également. Il a un temps été question de taxer différemment l’ancienne récolte et la nouvelle, avant que ne soient avancés les taux progressifs de 25€/t à partir du 15 février et de 50€/t à partir du 1er mars sur l’ancienne récolte, et la mise en place d’une taxe flottante sur la nouvelle. Cependant il semblerait que pour l’heure aucune décision concrète n’ait été prise, et les exports russes se poursuivent à un rythme très soutenu, sans que les prix domestiques ne montrent d’ailleurs de signe de fléchissement, ce qui était pourtant l’objectif à l’origine de ces mesures.
Conséquence de ce climat d’incertitude, l’augmentation des prix dans les origines qui intègrent le cout de ces taxes et le report de la demande à venir. En France, le cours du blé tendre à Rouen a ainsi atteint 234€/t cette semaine, son plus haut depuis 2013, alors qu’il était encore à 200€/t il y a un peu plus d’un mois.
Sur le marché export, l’origine mer Noire reste cependant liquide et compétitive sur la plupart des destinations. Cette semaine, l’appel d’offre algérien pour 390kt sur la période 14-28 février cette semaine a été remporté par la France l’Allemagne et l’Argentine, tandis qu’aujourd’hui a lieu l’appel d’offre tunisien pour la période 15 février – 15 mars.
Sur le marché Euronext, si les cours ont connu une hausse sur huit sessions consécutives jusqu’à rompre la résistance des 240€/t sur le contrat mars 2021, ils ont fait volteface en milieu de semaine, entrainés par les mouvements de liquidation du soja à Chicago et cédé 4€/t sur deux sessions.
Du côté du maïs, les cours continuent de grimper. Les importantes importations chinoises, attendues à 17,5Mt par l’USDA vs. 8Mt l’année dernière et 3-5Mt en temps normal sont l’une des principales causes de cette hausse. La tension du bilan mondial de maïs est encore aggravée par les tentatives du gouvernement argentin de limiter les exportations afin de garantir l’approvisionnement domestique. Si aucune mesure officielle n’a été mise en place, le Ministre de l’agriculture argentin s’est réuni cette semaine avec les principaux opérateurs pour tenter de limiter les flux à l’export.
Sur le marché des orges, l’origine française bénéficie elle aussi des importations chinoises, également importantes cette année, en raison notamment de l’absence de la concurrence australienne sur cette destination.