Marché des céréales
Les exportations françaises de blé tendre revues à la hausse
La fin de la politique « zéro Covid » en Chine donne l’espoir d’un retour du pays sur les marchés des matières premières. Malheureusement cela ne profite pas aux marchés céréaliers qui restent orientés à la baisse en raison d’une demande qui peine à repartir, d’une hausse de la disponibilité au niveau mondial et d’une perte de compétitivité européenne liée à la hausse de l’euro.
La Russie était de nouveau sur le devant de la scène cette semaine avec l’annonce de Vladimir Poutine. Ce dernier a annoncé son souhait d’une stabilisation des prix alimentaires en Russie, sous-entendant que les volumes exportables pourraient être contrôlés en cas d’inflation excessive. Pourtant l’activité export de la Russie n’a jamais été aussi soutenue. Le ministre de l’Agriculture russe estime les exportations tous grains entre 55 et 60 millions de tonnes sur cette campagne, semblant contredire la précédente annonce.
Cette déclaration intervient dans un bilan mondial de blé lourd avec une disponibilité importante sur la scène internationale. Le rapport USDA de la semaine dernière annonçant une hausse de 11% des surfaces de blé d’hiver n’a pas aidé à un soutien du cours du blé. Le marché semble même faire fit des conditions climatiques dans lesquelles ces blés américains évoluent (déficit hydrique et dégâts dus au gel).
Le salut des marchés provient des besoins de l’Afrique du Nord. Les pays du Maghreb sont aux achats, à l’image de l’Algérie qui a acheté de 500 000 t à 600 000 t de blé tendre ou de la Tunisie qui a acheté 125 000 t de blé dur.
Selon la Commission européenne, les exportations de blé des états membres s’élèvent à 17,67 millions de tonnes (Mt) pour la campagne 2022/23 contre 16,62 Mt l’an dernier à la même époque.
La France n’est pas en reste avec 7,5 Mt exportées, soit une progression de plus de 3,3 Mt par rapport à la campagne précédente à date. Cette observation va dans le sens du bilan de campagne blé tendre publié par FranceAgriMer cette semaine qui voit les exportations françaises de blé tendre à destination des pays-tiers réévaluées de 300 000 t par rapport à décembre pour atteindre 10,6 Mt. Les stocks de fin de campagne en seraient impactés en reculant à 2,32 Mt (contre 2,55 Mt précédemment). Ces très bons chiffres français ont été permis par une forte activité en début de campagne, qui parvient à se stabiliser. A noter par exemple, qu’à fin décembre, la France était responsable de 23% des achats du GASC, soit 1 Mt de blé (sources : Intercéréales, bureau Le Caire).
Du côté du maïs, ces dernières semaines, les cours étaient soutenus par les mauvaises conditions climatiques en Argentine. Le marché cherchant à estimer l’impact de la sécheresse sur le potentiel de production. L’annonce de pluies tant attendues sur l’Argentine et le Sud du Brésil pour les deux prochaines semaines a eu l’effet d’une douche froide sur le marché du maïs outre-Atlantique. Le mal est fait et les cultures sont déjà très impactées. La Bourse de Buenos Aires, révise à la baisse son estimation de production de maïs à 44,5 Mt contre 52 Mt l’an passé, dans la même veine que la bourse de Rosario (voir papier du 13 janvier). Mais ces pluies pourraient permettre de stopper la dégradation des cultures.
Le marché américain est également impacté par la forte disponibilité du maïs brésilien. Les exportations brésiliennes sont prévues en hausse à un niveau record de 5,2 Mt pour ce mois de janvier. Ces chiffres sont permis par une production, là aussi record, et l’accès en force au marché chinois.
Du côté français, FranceAgriMer a réhaussé les besoins de la nutrition animales de 500 000 t à 2,4 Mt et abaissé les exportations vers l’Union Européenne à 2,96 Mt, ce qui entraine une augmentation du stock de fin de campagne à 2,30 Mt.