Marché des céréales
Le conflit Ukraine/Russie, facteur de nervosité sur les marchés
Blé tendre
Les tensions entre l’Ukraine et la Russie continuent d’impacter les marchés en apportant une volatilité importante sur les cours. Les cours étaient à la hausse même si les fondamentaux ne plaident pas forcément dans cette direction. Il aura suffi que les russes annoncent un retrait partiel de leurs troupes mardi pour que les marchés cèdent les gains des jours précédents. Les inquiétudes sont à voir du côté du marché des engrais plutôt que des grains, car, même si Russie et Ukraine exportent 30% des céréales (blé et orges) au niveau mondial, les quantités à exporter d’ici la fin de la campagne ne sont plus très importantes.
Au niveau mondial, le bilan du blé publié par le CIC cette semaine n’apporte que peu de changement, le recul de 2Mt (en raison d’une baisse de consommation pour la Chine au profit du maïs) sur la consommation entraîne une augmentation d’autant sur les stocks des principaux exportateurs. Même avec ce recul sur la consommation mondiale, celle-ci demeure à un niveau record.
En France, France AgriMer a augmenté légèrement les incorporations de blé tendre par les fabricants d’aliments au détriment du maïs. Ce dernier a ajusté la prévision d’exportations vers les pays tiers (8,9Mt contre 9Mt le mois dernier) et réaugmenté légèrement les exportations vers les pays de l’Union. Avec une prévision de collecte en baisse, le stock prévisionnel de fin de campagne s’allège un peu. Ce qui est bon augure puisque le mois dernier le stock était estimé au plus niveau depuis 17 ans.
Sur la scène internationale, le recul des prix a incité les acheteurs internationaux à lancer des appels d’offres. L’Egypte était aux achats hier pour des chargements entre le 1er et le 10 avril, et c’est l’origine roumaine qui a été choisie pour 180kt. L’Algérie aurait conclu mercredi 2 bateaux sur un prix de 345,5$ CAF, probablement origines mer Noire
Pour la campagne à venir, les cultures se trouvent en bon état, avec une inquiétude pour le sud de l’Europe. En France, les cultures de blé se trouvent au stade de tallage, et 95% des surfaces sont jugées dans un état bon à très bon selon Céré’Obs. Mais alors que les premiers apports d’engrais azotés débutent, les incertitudes sur l’évolution des cours est importante. Le risque d’un conflit entre la Russie et l’Ukraine aurait un impact majeur sur les marchés internationaux des engrais. La Russie représente 13% du commerce mondial des produits intermédiaires d’engrais et 16% des échanges d’engrais finis. Même si le secteur des engrais ne serait pas directement visé, en cas de sanctions financières, les grandes entreprises d’engrais russes pourraient en subir les conséquences.
Plus au sud de l’Europe, les inquiétudes se font déjà sentir quant à la probabilité d’une sécheresse. Selon l’agence météorologique espagnole, il a plu, en janvier, à peine 25 % de la moyenne habituelle. Même constat au Portugal où les climatologues jugent cette sécheresse exceptionnelle par son intensité, son ampleur et sa durée. A ce stade, les potentiels de rendement ne sont pas encore impactés selon Intercéréales, mais il faut tout de même rester attentifs à la situation. La France est le premier fournisseur de l’Espagne en blé tendre et en orge, le troisième en maïs. En blé, la France représente en moyenne un quart des parts du marché espagnol, suivie de près par la Bulgarie puis la Roumanie.
StratégieGrains prévoit une production de blé européenne à 128Mt pour la récolte 2022, en légère hausse par rapport au mois dernier, intégrant des chiffres plus importants pour la France (+0,3Mt, à 35,9Mt) et en Pologne. Le CIC prévoit quant à lui une production française à 37Mt, sans changement par rapport au mois dernier.
Maïs
La production mondiale de maïs est estimée à 1 203Mt ce mois-ci selon le CIC, en baisse de -4,4Mt par rapport au mois dernier. Cette baisse est à imputer principalement à l’Amérique du Sud (111,5Mt contre 112,9Mt pour le Brésil et 59Mt contre 61Mt pour l’Argentine). En effet, les conditions climatiques ont été très chaudes et sèches dans le sud du Brésil notamment, ce qui entraîne des rendements à la baisse.
France AgriMer revoit à la baisse la prévision d’utilisation de maïs par les fabricants d’aliments (-100kt). Depuis le mois dernier, les prix du maïs ont grimpé alors que ceux de l’orge et du blé ont diminué, ce qui a conduit à une perte d’intérêt du maïs dans les formulations d’aliments composés. Les stocks de fin de campagne sont donc réhaussé de +160kt depuis le mois dernier, en hausse de +15% par rapport à l’an dernier, où la fin de campagne avait été très tendue.