
Marché des céréales
Des bilans mondiaux lourds à venir
Blé
Le rapport de l’USDA du 12 mai annonce des stocks mondiaux de blé en nette hausse pour la campagne 2019/20 par rapport au mois précédent (+3Mt) et à un niveau record pour la prochaine campagne (310Mt). La production européenne est prévue en baisse à 143Mt contre 154Mt en 19/20. La sortie du rapport de l’USDA a entraîné un mouvement de baisse sur le marché, mais modéré.
En France, les températures basses de ces derniers jours ont apporté leurs lots d’inquiétudes sur les cultures de blé, notamment au regard de la méiose, un stade effectivement sensible au froid. Selon Arvalis, les stades sont très en avance en lien avec les forts cumuls de températures enregistrés depuis les semis. Au final, seules les parcelles les moins avancées sont proches du stade méiose, et la majorité des blés sont au stades gonflement-début épiaison, ce qui limite le potentiel de dégâts liés à la méiose. Au 11 mai, 57% des surfaces sont jugées dans un état bon à très bon, soit 2 points de plus que la semaine précédente selon Céré’obs.
Agreste n’a apporté que peu de changements sur les surfaces en blé tendre. Celles-ci sont estimées à 4, 624 Mha et sont en baisse de -7,5% par rapport à 2019 et en retrait de -8 % par rapport à la moyenne 2015- 2019. L’implantation de cette culture a été défavorisée par les sols saturés d’eau à l’automne 2019. Le recul de la sole est particulièrement marqué dans l’Ouest avec des baisses de 20,6 % en Pays-de-la Loire, 20,2 % en Bretagne et 13,8 % en Poitou-Charentes.
France AgriMer a publié les bilans français ce mercredi pour la campagne 2019/20. La prévision d’exportations vers les pays tiers a été revue à la hausse et est désormais estimée à 13,3Mt, en raison des performances réalisées à destination de la Chine, mais aussi le Maroc et l’Algérie, destinations phares du blé français.
Sur ces deux dernières destinations, une faible récolte est attendue. Selon France Export céréales, le Maroc vit une des pires saisons céréalières de son histoire due au déficit pluviométrique de 34% par rapport à la moyenne des 30 dernières années. La production toutes céréales ne devrait pas dépasser 3 Mt, soit 42 % de moins que la campagne précédente. Les autorités ont donc confirmé que, compte tenu de la faible récolte locale attendue en 2020, les droits de douane resteront à zéro durant tout l’été.
Maïs
Le rapport de l’USDA de ce mardi était très attendu par les opérateurs. Depuis l’effondrement du secteur de l’éthanol et le ralentissement de l’abattage de porcs de -40 % depuis la mi-mars aux États-Unis, les opérateurs s’attendaient à une demande en maïs très en dessous des dernières estimations et des stocks très élevés aux Etats-Unis, au niveau le plus élevé depuis 1988 pour la prochaine campagne selon certains.
L’USDA a effectué quelques corrections sur la campagne 2019-20, en baissant la consommation de maïs pour l’éthanol et en révisant à la hausse les exportations US, ce qui entraîne une augmentation modérée des stocks. Sur la campagne 2020-21, les stocks sont effectivement jugés au plus haut niveau depuis 1987-1988 à 3, 32 milliard de bushels, mais la consommation pour l’éthanol est prévue en hausse, tout comme les utilisations en alimentation animale et les exportations. La hausse des stocks est donc imputable à l’augmentation importante de la production (406Mt contre 347Mt en 2019/20). L’USDA semble considérer un impact limité de la pandémie sur la campagne prochaine.
Dans ce contexte, le marché du maïs à Chicago n’a enregistré qu’une faible hausse.
Orge
France AgriMer a revu à la hausse les exportations d’orges à la fois vers les pays de l’UE et vers les pays tiers. Concernant les débouchés communautaires, l’orge profite d’une bonne tenue du marché fourrager malgré une baisse du marché brassicole. Vers les pays tiers, les achats vers la Chine sont dynamiques et des rumeurs font état de nouveaux bateaux à charger vers la Chine pour les prochaines semaines. L’orge française pourrait également bien profiter du regain de tension entre la Chine et l’Australie. La Chine menace effectivement de mettre en place des mesures anti-dumping sur les importations d’orge australienne, ce qui permettrait d’ouvrir des débouchés supplémentaires pour les orges françaises.