Marché des céréales
Bilans céréaliers tendus, flambée des cours
Maïs
Le début de l’année 2021 est bien agité sur les marchés agricoles.
Fin de semaine dernière, l’Argentine a finalement levé son interdiction d’exporter du maïs, en limitant cependant ses exportations à 30kt/j, ce qui a calmé les cours sur Chicago… pas pour très longtemps.
Car la parution du rapport de l’USDA de mardi a surpris fortement le marché. Les opérateurs s’attendaient certes à des chiffres haussiers car le déficit hydrique en Amérique du Sud comme en Amérique du Nord est important, mais ces derniers n’avaient pas envisagé une baisse aussi importante du rendement du maïs américain. La production de maïs aux Etats-Unis s’affiche donc à 360Mt, soit une baisse de de -8Mt par rapport aux estimations du mois dernier. Les cours ont donc immédiatement bondi et affichent des meilleurs niveaux depuis 7 ans. Le marché à terme de Chicago gagne l’équivalent de 14€/t sur la semaine. Aux Etats-Unis, comme au niveau mondial les stocks sont bas et laissent supposer une fin de campagne tendue. Selon les derniers chiffres du CIC parus ce jeudi, les stocks mondiaux de maïs s’affichent à 268Mt, le plus bas niveau depuis 8 ans.
L’envolée des cours s’est aussi traduite sur notre continent, puisque le marché à terme d’Euronext gagne 11,5€. A cela s’ajoute un bilan français tendu. Le maïs français était compétitif au sein de l’Union européenne sur l’automne 2020, puisque selon France Export Céréales, 1,9Mt de maïs sont parties vers les pays de l’Union, soit une hausse de +25% par rapport 2019/20. Bien qu’ayant peu évolué ce mois-ci, le stock de fin de campagne estimé par FranceAgrimer ce mercredi est faible, à 1,860Mt.
Du côté des fabricants d’aliments, les prix français des 3 céréales s’est fortement apprécié ces dernières semaines, en particulier pour le maïs. Le maïs perd en attractivité pour les formulations, d’autant plus que les prix des tourteaux (soja, colza) se sont aussi fortement renchéris. S’ajoute à cela la résurgence de la grippe aviaire dans les filières de volailles. Pour l’heure, l’impact sur le bilan français d’une baisse de la consommation de maïs est difficile à chiffrer, mais pourrait être relativement peu importante, en tout cas moins que l’épisode de 2017, étant donné que la période des fêtes est derrière nous. Néanmoins la situation aux regards des prix des matières premières en alimentation animale risque de devenir dangereuse pour la pérennité des filières avicoles.
Blé tendre
Du côté du blé tendre, les cours aussi flambent. Sur Euronext, la tonne de blé échéance mars a gagné plus de 15€ cette semaine. Même si les stocks mondiaux sont plus confortables que pour le maïs (le CIC estime les stocks à 294Mt contre 278Mt en 2019/20), l’USDA les a baissé ce mois-ci, principalement en Chine.
Et la demande chinoise est importante. Hors de l’Union européenne, près de la moitié du blé tendre français part en Chine selon France Export Céréales. Selon les Douanes, à fin novembre, ce sont 1,356Mt qui ont été exportées vers la Chine, avec des expéditions en octobre et novembre supérieures à 350kt/mois. Bien que le disponible en blé tendre soit nettement inférieur aux années précédentes (collecte de 26,77Mt contre plus de 36Mt en 2019/20), FranceAgriMer a revu à la hausse les exportations de blé vers les Pays tiers, à 7,27Mt contre 7,090Mt le mois dernier. Le stock final sur le marché est estimé à 2,485Mt.
Orges
Le bilan français établi par FranceAgriMer ce mois-ci devient également très tendu. Les stocks de fin de campagne sont désormais estimés à 1,067Mt contre 1,158Mt le mois dernier. Ceci principalement en raison des exportations dynamiques vers les Pays tiers. L’appétit chinois ne se dément pas, avec notamment 227kt d’orges exportées sur le seul mois de novembre 2020. France AgriMer a donc revu à la hausse la prévision d’exportations vers les pays tiers (+100kt). A noter que la fermeture des bars et restaurants qui a été prolongée lors des dernières annonces gouvernementales sur la lutte contre la covid-19 amène FranceAgriMer a baissé les utilisations d’orges en malterie.