
Marché des céréales
La lourdeur des stocks mondiaux pèse sur le marché des céréales
Les rapports du département états-unien à l’Agriculture (USDA) parus vendredi, couplés à une amélioration des conditions climatiques en Europe et à une parité euro/dollar en hausse ont globalement pesé sur les cours du blé tendre, de l’orge et du maïs français.
Les rapports de l’USDA sur les surfaces et sur les stocks ont tous les deux pesés sur les cours du blé des deux côtés de l’Atlantique. Les surfaces de blé aux Etats-Unis pour 2023-2024 sont estimées supérieurs aux attentes à 49,9 millions d’acres (Ma) (contre 45,73 Ma en 2022-2023). Dont 37,5 Ma en blé d’hiver (contre 33,27 Ma en 2022-2023) et 10,6 Ma en blé de printemps (contre 10,83 Ma en 2022-2023). Les stocks américains sont également évalués au-dessus des attentes à 946 millions de boisseaux. L’impact des rapports ont été dans un premier temps limité sur le marché américain en raison de l’inquiétude des marchés sur l’état des cultures. Les opérateurs anticipaient une baisse de rendement avec seulement 28% des blés d’hiver jugés dans un état « bons à excellents » lors du dernier crop-rating, le niveau le plus bas depuis 1989 pour un début de saison.
Cependant, l’amélioration des conditions climatiques outre Atlantique a fait disparaitre le seul élément de soutien du marché, orientant à la baisse le cours du blé durant toute cette semaine sur le marché américain.
Le marché européen avec EURONEXT a évolué dans son sillage, ne trouvant aucun facteur haussier, au contraire. Le marché européen est impacté par le repli de l’euro face au dollar, handicapant les exports alors que le rouble russe est au plus bas depuis un an.
Dans ce contexte, et sans grande surprise, la Russie a remporté l’appel d’offre pour 600 000 t de blé lancé cette semaine par le GASC égyptien.
Au niveau français, il faut ajouter à ces éléments les mouvements sociaux qui ralentissent les activités en portuaire. A noter tout de même que le blé français reste une origine de choix pour le Maroc avec 300 000t expédiées en mars, ce qui place la France comme premier fournisseur du pays.
Selon Cere’Obs, les conditions de culture restent très bonnes en France avec 93% du blé tendre jugé comme « bon à très bon » (-1 point par rapport à la semaine dernière mais +1 point par rapport à l’an dernier à la même date).
Du côté du maïs, les rapports USDA ont estimé des surfaces supérieures aux attentes, à 92 Ma (contre 88,6 Ma en 2022-2023). Mais les stocks sont prévus en dessous des attentes à 7,4 milliards de boisseaux. La hausse de superficie de plus d’1 Ma est importante par rapport à la dernière estimation de février. Les opérateurs ne croient pas à ce chiffre, d’autant plus que les conditions jusqu’à il y a quelques jours n’étaient pas favorables au semis. Raison pour laquelle ce rapport n’a eu qu’un impact limité sur les cours.
A cela s’ajoute une bonne dynamique d’export de la part des Etats-Unis avec une importante demande chinoise. Il a également été relevé quelques ventes significatives comme celle de 150 000t pour le Mexique en début de semaine. Ce qui permet aux ventes export de maïs d’atteindre le score de 1,25 millions de tonnes (Mt) pour la semaine écoulée, rattrapant un peu le retard de commercialisation accumulé depuis le début de campagne en passant d’une semaine à l’autre de 37 à 32%.
Comme pour le blé, l’amélioration des conditions climatiques outre-Atlantique a fait plonger les cours, entrainant avec eux les marchés européens et français.
L’Europe reste pénaliser par une demande en berne et une forte disponibilité due entre autres à l’abondance de l’offre ukrainienne.
L’orge de son côté est fortement pénalisée par le dégel des relations entre l’Australie et la Chine. Une rencontre a eu lieu cette semaine pour discuter des taxes à l’importation mises en place par la Chine en 2020 sur les orges provenant d’Australie. Le résultat de ces discussions sera à surveiller car il pourra impacter durablement le marché européen et notamment français.