Marché des céréales
Semaine volatile sur les marchés des céréales
Blé
L’annonce par la Chine de son intention de taxer à l’importation jusqu’à 25% une liste importante de produits américains dont le soja, le maïs, les drèches et le sorgho, a généré de brusques variations de prix cette semaine sur les marchés américains du maïs et du soja. Quant au blé, les prévisions météorologiques et les mauvaises conditions de culture des blés d’hiver poussent ses prix à la hausse sur les marchés à terme de Kansas City et de Chicago. En une semaine, le contrat mai 2017 à Chicago a progressé de 7$/t.
Le marché européen progresse également (+3€/t) mais apparait moins volatil. Les opérateurs peinent à interpréter les conséquences des déclarations américaines et chinoises sur les flux de marchandises vers ou départ de l’Europe et se focalisent plus sur les éléments météo et la logistique nationale.
Le « weather market » traditionnel à cette époque favorise le rebond des cours outre Atlantique. L’USDA a publié en milieu de semaine ses premières notations de l’état des cultures, concrétisant en grande partie les inquiétudes. Seuls 32% des surfaces de blé d’hiver sont dans un état jugé « bon à excellent » contre 51% l’an dernier à la même époque. Il s’agit de la plus mauvaise situation en sortie d’hiver depuis 16 ans. Les blés d’hiver (HRW) souffrent d’une sécheresse notamment dans les états du Kansas, d’Oklahoma et le nord du Texas depuis plusieurs mois, et les conditions à venir ne s’améliorent guère. D’autre part, entre la neige attendue dans le nord des grandes plaines et des pluies excessives plus au sud, les inquiétudes pour les implantations des cultures de printemps se multiplient.
Ce frémissement du marché mondial se traduit par le retour des acheteurs au marché. Malheureusement, les complications logistiques dues notamment aux grèves SNCF pourraient bien empêcher la France de rattraper une partie du retard accumulé depuis le début de la campagne. L’Algérie a finalisé probablement son dernier appel d’offres de la campagne cette semaine pour 330 kt livraison juin. Espérons qu’il sera réalisé en blé français et que la grève ne durera pas jusque-là…
Depuis plusieurs semaines déjà l’ensemble des acteurs de la filière française s’organisent pour remplacer des trains qui viendront peut-être, ou peut-être pas, par une logistique plus fiable. Malheureusement, les marchés du fret fluvial et routier, déjà sous tension, peinent à absorber toutes les quantités qui circulent habituellement par les voies ferrées. Sur la moitié nord de la France, la plus impactée, le surcout de fret est évalué à plusieurs euros par tonne et se traduira par une perte directe pour les opérateurs sur les contrats déjà signés. Cette hausse du transport bloque pour le moment la signature de nouveaux contrats pour les prochains mois. Les opérateurs du nord de l’Europe cherchent déjà à s’affranchir de la contrainte française, et s’intéressent à d’autres origines.
Orge
Le marché de l’orge pourrait bien bénéficier des effets collatéraux des tensions sino-américaines. En effet, si la Chine diminue ses importations de céréales fourragères américaines, elle pourrait choisir de s’approvisionner notamment en Europe, ou en Mer Noire, qui par ricochet enverra moins de grains vers l’Union. Ceci étant, d’autres analystes pensent que la hausse des taxes chinoises se traduira essentiellement par une hausse des prix pour les utilisateurs, sans bénéfice pour les producteurs et peu d’impact sur les flux.
En France, sur la fin de campagne, il est difficile d’avoir des prix. Les affaires se font par-ci par-là pour des quantités réduites. La hausse des dernières semaines sur la prime est bien le reflet de la raréfaction de l’offre par rapport à une demande soutenue.
Concernant la nouvelle récolte, les primes s’apprécient encore d’un euro cette semaine, blé meunier et orge fourragère se négociant au même prix pour des livraisons en dégagement.
Les conditions de semis compliquées cette année, températures trop froides et excès d’eau dans de nombreuses situations, conduisent producteurs et OS à la prudence dans leurs engagements.
Maïs
Plus impacté que le blé tendre par les décisions chinoises, le cours du maïs sur le marché américain varie cette semaine de manière erratique tout en continuant à être porté à la hausse par les perspectives de baisse des surfaces aux Etats-Unis et de la baisse de production en Argentine. Le cours du maïs français sur le marché à terme bénéficie également de cette ambiance.
Par ailleurs, le maïs sur la façade atlantique profite finalement des effets collatéraux de la grève qui pénalise les opérateurs du nord Loire. En effet, certains industriels couvrent leurs besoins en remplaçant des trains par des petits bateaux. La marchandise étant soit déjà en silo, soit moins concernée par les difficultés d’acheminement, pour le moment.
Les producteurs attendent avec impatience l’installation du beau temps pour démarrer vraiment les semis de maïs.