
Marché des céréales
Les origines françaises toujours peu compétitives à l’export
A l’image de la météo actuelle, le marché des céréales fait face à une concurrence qui balaye tout sur son passage, rendant le marché intérieur assez atone.
La réouverture d’un corridor maritime par l’Ukraine a renforcé la concurrence venant de mer Noire. Mais la constance de ce corridor est à surveiller alors que de récentes annonces rapportent que la Russie aurait lancé des explosifs sur le parcours de ce nouveau corridor. L’absence de corridor ces derniers mois se fait tout de même sentir sur les exportations ukrainiennes avec 2,15 millions de tonnes (Mt) exportées en octobre 2023 contre 4,22 Mt l’an dernier. Depuis le début de la campagne 2023-24, l’Ukraine a exporté 8,9Mt contre 12,9 Mt la campagne précédente à date équivalente.
La Russie voit également ses exportations freiner avec un mois d’octobre avisés avec des volumes au plus bas depuis quatre mois. Pour la campagne en cours, les prévisions d’exportations sont à 48,8 Mt contre 49,2 Mt l’an dernier à la même date.
La compétitivité étant importante pour une majorité des origines européennes, la Commission européenne a logiquement remonté son stock de report en blé tendre, ce qui est venu peser sur les cours en fin de semaine dernière.
Seul élément de soutien pour le marché mondial, la part importante que pourrait prendre la Chine sur le marché du blé à destination de l’alimentation humaine. Le pays du soleil levant aurait essuyé d’abondantes pluies tombées pendant les récoltes. Alors que la production était déjà attendue en baisse de 0,9% à environ 134,5Mt, les pluies auraient endommagées environ 20% de la récolte. La forte demande chinoise pour du blé à forte teneur en protéines pourrait accroitre le prix mondial du blé à destination de l’alimentation humaine.
Dans l’hémisphère Sud l’Argentine et l’Australie accueillent avec bonheur des pluies qui suivent une longue période de déficit hydrique. Il faudra encore patienter quelques semaines pour connaitre l’impact de ce stress hydrique sur les rendements. Cependant la bourse de Buenos Aires a déjà revu à la baisse sa production de blé de 16,2 Mt à 15,4 Mt.
Pour la récolte 2024 de blé d’hiver, les choses s’arrangent aux Etats-Unis. Des pluies favorables ont été enregistré dans les Grandes Plaines, ce qui a permis au premier crop rating de la saison d’atteindre son niveau le plus haut depuis quatre ans avec 47% des cultures jugées comme « bonnes à excellentes ».
L’ambiance est différente sur une bonne partie de l’Europe et en France. Après un déficit hydrique en début d’année, ces maintenant l’excès d’eau qui peut jouer en défaveur des cultures. Les fortes précipitations ont mis un coup d’arrêt aux travaux des champs, l’accès aux parcelles étant rendu impossible. D’après le dernier rapport Cere’Obs, au 30 octobre 2023, les semis de blé tendre sont réalisés à hauteur de 62% (contre 81 % en 2022 et 72 % sur la moyenne des 5 années précédentes). La situation est la même en orge d’hiver avec 76% des semis réalisés (contre 91 % en 2022 et 83 % sur la moyenne quinquennale).
La météo humide impacte également les récoltes de maïs français réalisées à 90% (contre 99 % en 2022 et 84 % sur la moyenne des 5 années précédentes), mais est bénéfique aux cultures qui se maintiennent à un bon niveau de 83% (contre 42% l’an dernier).
Outre Atlantique la récolte avance bien également, aidé par une météo favorable, avec 71% des maïs états-unien déjà dans les silos, ce qui représente une avance de 5% par rapport à la moyenne quinquennale. L’avancée de ces travaux pourrait peser sur les cours mais les exportations suivent. Cette semaine les inspections à l’export ressortent à 531 516 tonnes, dans la fourchette haute des attentes.
Pourtant le Brésil est plus que jamais présent et continue de peser dans le marché mondial avec des chiffres d’exportations records. Sur le seul mois d’octobre, le Brésil a exporté 8,5 Mt de mais, soit 1,7 Mt de plus que l’an passé.