Marché des céréales
Retard dans les semis de printemps
Blé
Le marché du blé à Chicago a connu un net rebond cette semaine dans un contexte où de nombreux rachats sont effectués sur les zones support par des fonds, anticipant ainsi un net repli de la production américaine lié au déficit hydrique. La qualité de la récolte d'hiver reste préoccupante et des inquiétudes persistent sur l’état des blés états-uniens. Pour cause, le département américain de l’agriculture estime à seulement 31 % les surfaces de blé d’hiver comme « bonnes à excellentes contre 54% l'an passé à la même date. On note une détérioration des cultures dans la zone principalement centrée autour du Kansas, de l'Oklahoma, du Texas, Montana et le Colorado. Par ailleurs, les semis de printemps accusent un net retard avec 3% seulement des blés de printemps emblavés (contre 25% en moyenne sur cinq ans). L'Australie continue de subir la sécheresse depuis le mois de Février, alors que la période des semis débute.
Sur le marché européen, les cours du blé français ont aussi progressé dans le sillage de Chicago. La baisse de l’euro face au dollar a apporté un regain de compétitivité à la céréale hexagonale face aux origines mer Noire. En effet, la parité euro/dollar a ainsi cassé son support des 1,22 favorisant des origines européennes à l’export. En France, des chargements sont de plus en plus nombreux principalement à destination de l’Algérie et quelques autres destinations plus exotiques comme Cuba ou l’Angola. En nouvelle récolte, l’Algérie a lancé un nouvel appel d’offres pour du blé meunier pour des chargements en juillet et la Corée du Sud était également aux achats pour du blé fourrager. C’est le premier appel d’offres pour la campagne 2018/19.
Le Conseil International des Céréales a publié ses prévisions de production pour la campagne 2018/19 à l’échelle mondiale. Peu de changements, la production est revue en baisse de – 2 Mt par rapport à la publication de mars à 739 Mt. Du côté des échanges, les stocks exportateurs augmentent pour ainsi rattraper peu à peu son retard et s’afficher à 179 Millions de tonnes.
Maïs
Le Conseil Internationale des Céréales a également publié une prévision de production en maïs pour la prochaine campagne à 1 054 Mt, soit + 2 Mt par rapport à mars. La consommation continue de grimper grâce au rythme soutenu des ventes exports, anticipant un nouveau retrait des stocks déjà bas. La sécheresse dans le Sud du Brésil inquiète les opérateurs qui tablent déjà sur un niveau de production du maïs Safrinha moindre que prévu, l’estimant aux alentours de 85 Mt quand le Conab table sur 88,6 Mt et l’USDA reste à 92 Mt. Ces prévisions de baisse deviennent d'un seul coup un argument pour faire progresser le cours du maïs américain, toujours dans un contexte où les tensions entre la Chine et les Etats-Unis sont à surveiller.
Les semis de maïs progressent nettement en France, alors que ceux-ci sont en retard par rapport à l’an passé aux USA. Seuls 5% des maïs US sont semés contre 21% en moyenne quinquennale. Pour autant un adoucissement des températures et un climat plus sec pourraient permettre le retour des producteurs dans les champs. Malgré tout, cette période de risque climatique soutient les prix à court terme sur Chicago. En Ukraine, les cours du maïs continuent de s’effriter en ancienne campagne dans un contexte où les volumes à exporter restent conséquents et les agriculteurs vendent davantage. Les cours ont perdu près de 3 % et l’écart de prix entre le maïs ukrainien et le marché américain s’affiche désormais à des niveaux les plus hauts depuis le début de la campagne. Dans ce contexte, l’Ukraine devra rester compétitive face aux autres origines pour retrouver des niveaux de stocks convenables.
Orge
Le retard des semis d’orge de printemps est bientôt rattrapé en mer Noire avec 1,37 Mha réalisés soit 86 % contre 93 % l’an dernier. Les agriculteurs ukrainiens avaient semé près de 80 % de l’objectif fixé par le ministère de l’Agriculture mais le retard accumulé entrainera probablement des pertes de rendement. De plus, la hausse des surfaces anticipée au préalable n’aura sûrement pas lieu, laissant ainsi davantage de place au maïs et tournesol dans le pays.
En France, la prime s’effrite en nouvelle campagne malgré des chargements enregistrés dans les ports français à l’image des nouveaux bateaux à destination de l’Arabie Saoudite ou encore du Maroc. Les exportations en UE peinent à remonter. Seuls près de 65 Kt d’orge ont été exportées la semaine dernière portant ainsi le cumul de la campagne à 4,7 Mt. La tension sur ce marché reste de mise, justifiant le faible écart de prix avec le blé.