Marché des céréales
Weather market … !
Blé
En début de semaine, les discussions sino-américaines et l’espoir d’une fin de la guerre commerciale entre les deux pays a soutenu le marché des matières premières en générale. A l’inverse, l’annulation ce jeudi du somment prévue entre l’US et la Corée du nord a interrompu la hausse des cours sur de nombreux marchés. Toutefois, la semaine aura été marquée par une forte hausse des cours des céréales sur les marchés à termes, essentiellement en raison de conditions climatiques difficiles dans différentes régions du monde. Si la situation semble s’améliorer dans les grandes plaines américaines, le marché de Chicago ne cesse de faire le yoyo et marque de nouvelles étapes à la hausse. Le Canada est également confronté à des températures élevées et un temps trop sec. En Europe, la Pologne et l’Allemagne manquent d’eau, les Balkans et les pays du pourtour de la Mer noire également. En Russie, ce sont les températures trop froides pour la saison dans les régions de blé de printemps qui inquiètent. La production russe pourrait s’établir autour de 75 Mt, soit 10 Mt de moins qu’en 2017 selon le CIC, mais le stock de report étant plus élevés que l’an passé, à ce jour, les prévisions d’exportations de ce pays restent élevées (37Mt).
En France, le marché à terme suit le mouvement et franchit le seuil de 180 €/t sur le contrat septembre.
La hausse des prix liée aux inquiétudes climatiques et aux prises de positions spéculatives sur les marchés à terme prend de surprise les importateurs. Cette semaine, l’Algérie, malgré une bonne récolte nationale, est revenue aux achats pour 675 kt et a dû se résoudre à payer nettement plus que la fois précédente. Cette opération est confirmée en blé français, pour livraison août.
La baisse de l’euro est favorable au blé européen sur la scène internationale. Toutefois, sur la fin de campagne, les chargements ne sont pas légions et l’activité reste malgré tout « atone ». Toujours empêtré dans des problèmes de logistique, le marché français peine à se développer.
A un mois de la moisson, les silos intérieurs ont plus de marchandises que prévu en stock, mais les silos fluviaux et portuaires sont « à sec ». Le transport de proximité fait défaut et il est difficile d’acheminer les grains des silos intérieurs vers les sites fluviaux ou maritimes pour répondre à la demande tant intra-communautaire qu’internationale. Les industriels se sont reportés sur le fluvial autant que possible pour remplacer les trains, mais maintenant la marchandise vient à manquer. Faire une affaire impose d’avoir la solution logistique, ce qui n’est pas toujours aisé et continue à ralentir l’activité.
Pour les affaires en nouvelle récolte, le « weather market » et la hausse des prix sur les marchés à terme limitent dans l’immédiat les intérêts vendeurs qui attendent d’y voir un peu plus clair sur les perspectives de production mondiale. Si le climat de ce printemps soutient les cours, à date, le bilan de l’offre et de la demande mondiale en blé est loin d’être alarmiste. Le CIC prévoit le stock de report mondial à 258 Mt, soit 35% des besoins, un ratio stock/utilisation qui apparait donc confortable.
En France, les conditions de cultures pour le blé sont très correctes et le potentiel, sans être exceptionnel, est prometteur. Le service de prévisions des productions de la Commission Européen, MARS, estiment pour le moment un bon potentiel pour l’UE et prévoit un rendement moyen pour l’union à 6,19 t/ha en blé et en 5,04 t/ha orge.
Orge
Après les achats conséquents de l’Arabie Saoudite la semaine passée, le marché de l’orge est calme. La Jordanie a reporté son achat. Pour le moment, sur le marché français, les primes sont moins attractives qu’elles n’ont été en rendu portuaire. Les Organismes Stockeurs ont profité de la demande des semaines précédentes pour marquer les prix et gérer une partie de leur dégagement. La baisse des primes ralentit donc les velléités à la vente.
Maïs
Les évolutions de politiques commerciales des Etats-Unis, mais aussi de l’Argentine qui s’apprêterait à remettre des taxes à l’exportation sur les céréales, génèrent beaucoup d’incertitudes sur le marché du maïs. Par ailleurs, les prévisions de production et consommation mondiales laissent entrevoir un bilan plus serré, avec un stock de report à l’issue de la campagne 2018/19 estimé à 257 Mt par le CIC, soit seulement 24% de la consommation. Ces estimations montrent que les équilibres se fragilisent et expliquent la volatilité des cours du maïs. A Chicago, le cours du « corn », échéance juillet est à son plus haut depuis onze mois.
Le cours du maïs français s’inscrit à la hausse de 2/3 €/t dans le sillage du marché du blé, et de Chicago.