Marché des céréales
La production de blé menacée par la sècheresse
La première préoccupation des marchés cette semaine restait les conditions climatiques. Aux Etats Unis, la région centrale continue de manquer de précipitations et les prévisions demeurent sèches ces deux prochaines semaines tandis que la chaleur fait rapidement perdre les sols en humidité. Le Canada lui aussi demeure chaud et sec, de même que la majeure partie des continents européen et sud-américain.
Aux Etats Unis, la récolte de blé d’hiver est évaluée à 31% « bonne/très bonne », en hausse de 1% par rapport à la semaine dernière et vs. 48% l’année dernière. La récolte a atteint 10% vs. 12% en moyenne ces cinq dernières années. Les blés de printemps sont eux considérés à 54% « bons/très bons » vs. 70% en moyenne, et les semis ont atteint 94% vs. 99% en moyenne, ce qui laisse penser que près de 700 acres ne pourront pas être plantés.
En Argentine, les agriculteurs poursuivent les semis dans des conditions de sècheresse difficiles, cela fait désormais six semaines que le pays n’a pas reçu de pluies.
En Europe, la sècheresse menace les potentiels de récolte notamment en Espagne, en Allemagne et en France, où les blés considérés « bons/très bons » ont cependant repris 1% par rapport à la semaine dernière mais restent très en deçà des niveaux de 2021 (66% vs. 81%). L’Italie quant à elle prévoit une baisse de production de 15% par rapport à l’année dernière.
Mais les limites de disponibilité en blé liées aux conditions climatiques ne sont pas la seule source de préoccupation des marchés. Les opérateurs sont en effet inquiets de savoir qui parmi les pays producteurs sera disposé à honorer la demande à l’export.
La dynamique des appels d’offre est ralentie, avec peu de pays aux achats. Cette semaine, la Jordanie a lancé un appel d’offre pour 120kt de blé pour septembre-octobre, et le Bengladesh recherchait un bateau livraison juin. L’Inde quant à elle continue de solliciter plusieurs origines pour tenter d’importer les volumes dont elle a besoin, sans volume reporté cette semaine.
Les marchés domestiques physiques restent lents, notamment en Europe, où le marché Euronext affichait un rebond en cours de session de 2-3€/t en réponse notamment à la faiblesse de l’euro qui atteignait son plus bas en un mois.
En région mer Noire, la capacité réelle de la Russie à exporter les 40Mt sur lesquelles compte l’USDA soulève les interrogations. Malgré la levée prochaine des quotas à l’exportation et l’annonce par le gouvernement russe de la disponibilité de ce volume pour l’exportation, la valeur du blé russe reste trop élevée pour attirer les acheteurs et il reste très difficile de trouver du fret au départ de la Russie. Les opérateurs surveillent de près les programmes de chargement et nominations de bateaux, qui pour l’instant ne laissent pas présager de la disponibilité de ces volumes. L’origine la plus fiable pour les pays d’Afrique et du Proche Orient demeure pour l’instant l’Europe de l’Ouest.