Marché des céréales
Les marchés agricoles impactés par la hausse de l’euro consécutive au plan de relance européen
Le plan de relance de 750 Mds d’€ et le budget agricole de 1 074 Mds d’€ ont fait réagir, dès leur adoption, les marchés monétaires. L’euro a gagné 2 centimes en une semaine. Au cours des dix prochaines années, les échanges commerciaux de céréales croîtront modérément, selon l’OCDE et la FAO.
Le plan de relance de 750 milliards d’euros (Mds d’€) et le cadre financier pluriannuel 2021-2027 de 1 074 milliards d’euros (Mds d’€) conclus le 21 juillet entre les chefs d’Etat et de gouvernement des vingt-sept Etats membres de l’Union européenne ont rassuré les marchés financiers. Ils donnent un nouvel élan à la construction d’une Union européenne plus fédérale alors que l’économie mondiale est enlisée dans la crise sanitaire du Covid-19.
Les opérateurs ont réagi dès l’annonce de ces résultats. L’Euro s’est encore redressé. Ce vendredi 24 juillet, il vaut 1,16 dollar, soit deux centimes de plus que la semaine précédente et quatre centimes de plus qu’au début du mois. La parité de l’euro contrarie l’évolution des cours des céréales en dollars américains. Le cours de la tonne de blé fluctue autour de 185 € et celui de la tonne d’orge de 164 €.
Les productions mondiales de céréales à paille s’annoncent toujours aussi abondantes pour les douze mois à venir. Aussi la France et une partie de l’Europe paraissent bien isolées sur les marchés agricoles, à la fois pénalisées par une faible récolte de céréales et des prix peu rémunérateurs. Le Conseil international des céréales n’estime plus qu’à 125 Mt la production européenne de blé contre 128 Mt le mois précédent et 155 Mt il y a un an. Mais les Etats Unis vendraient jusqu’à 30 Mt de blé, 300 000 à 600 000 tonnes par semaine.
« A l’import, les droits de douane resteront à zéro au Maroc jusqu’à nouvel ordre », affirme France Export céréales. Le GASC a acheté 115 000 tonnes de blé ukrainien à 224,50 dollars ($) et 227,25 $ la tonne. La Corée s’apprête à importer du blé fourrager à 223 $ la tonne. Enfin, l'Arabie saoudite autorise les meuniers à s’approvisionner, après leur privatisation, sur les marchés.
Le gouvernement saoudien achèterait aussi jusqu'à 1,5 million de tonnes de blé local, à des prix fixés d’avance, si les agriculteurs se lancent de nouveau dans sa culture. L’Algérie programme aussi la culture de céréales dans les zones sahariennes.
Au cours des dix prochaines années, les marchés des céréales seront bien approvisionnés, selon le rapport « Perspectives agricoles de l’OCDE-FAO 2020-2029 ». La production mondiale de blé devrait atteindre 839 Mt à l’horizon 2029 contre 752 Mt en 2017-2019, avec un rythme de croissance plus modéré que lors de la décennie précédente (+9,7 %). Et celle de maïs augmenterait, quant à elle, de 13 % pour atteindre 1 315 Mt à l’horizon de 2029.
« L’amélioration des rendements devrait être à l’origine de 88 % de l’augmentation de la production végétale mondiale au cours des dix prochaines années », mentionnent l’OCDE et la FAO. Le changement climatique favoriserait la croissance des céréales dans de nombreux bassins de production mais la recrudescence d’épisodes de sécheresse, de ravageurs et de maladies « pourrait entraîner une plus grande volatilité des rendements des cultures, avec des conséquences sur l’offre et les prix au niveau mondial », rapportent encore l’OCDE et la FAO.
Mais les prix agricoles baisseraient en moyenne en terme réel au cours des dix prochaines années. Les stocks de report de blé croissants, d’année en année, pourraient représenter 37 % de la production en 2029, soit 3,5 points de plus qu’en 2020, et peser, au final, sur les cours.
« Les échanges cumulés des produits étudiés dans la présente édition des Perspectives de l’OCDE et de la FAO devraient progresser de 1,2 % par an au cours de la période de projection, contre 2,8 % par an durant la décennie précédente. »
Le Brexit n’influerait pas en volume sur les échanges commerciaux planétaires mais le Royaume uni pourrait commercer différemment.
Selon l’OCDE, la production mondiale de blé autoriserait l’exportation de 212 Mt de blé par an contre 188 Mt en 2019-2020 (USDA). La Fédération de Russie devrait se maintenir à la première place des pays exportateurs (20 % des quantités de blé vendues). L’Union européenne ne serait pas pour autant en reste.
Les cinq premiers pays importateurs de blé de la planète à l’horizon de 2020 seraient l’Egypte et l’Indonésie, rejointes par l’Algérie, le Brésil et les Philippines. Ils représenteraient 26 % du commerce mondial.
D’ici 2029, les échanges mondiaux de maïs devraient croître de 36 Mt pour atteindre 194 Mt. Selon les prévisions de l’OCDE, les cinq principaux exportateurs (États-Unis, Brésil, Ukraine, Argentine et Fédération de Russie) couvriront 89 % des ventes en 2029. Tandis que les cinq premiers pays importateurs de maïs resteront le Mexique, l’Union européenne, le Japon, l’Égypte et le Viet Nam.
Les exportations d’orges et d’autres céréales secondaires seraient essentiellement assurées par l’Union européenne, suivie par l’Australie, la Fédération de Russie, l’Ukraine et le Canada. Comme pour le blé et le maïs, les échanges croîtraient modérément (+ 7Mt en dix ans).
Mais l’OCDE redoute l’attitude de la Chine lancée dans une politique de baisse de soutien des prix à la production de maïs et de déstockage puisque moins de grains seraient produits. Dans un premier temps, elle n’importerait plus de grains, même si ses achats ne portaient jusqu’à présent que sur de faibles quantités. Mais dans les années à venir, l’ex-empire du milieu pourrait devenir un grand pays importateur de céréales puisque les paysans ne seraient plus incités par les prix à produire autant qu’actuellement.