Marché des céréales
Vers un recul des stocks mondiaux ?
Le Conseil International des Céréales a publié ce jeudi ses nouvelles estimations de l’offre et la demande mondiale de céréales pour la campagne en cours et pour la campagne 2018/2019. Dans un contexte toujours sous le signe de l’abondance de marchandises, les prévisions dénotent toutefois un léger changement d’ambiance. La forte demande mondiale de céréales conjuguée à une révision à la baisse des estimations de la production de maïs dans l’hémisphère sud, pourraient permettre de voir enfin les stocks mondiaux se réduire légèrement à l’issue de cette campagne. Selon le CIC le stock de report toutes céréales pourrait s’établir à 610 Mt (au lieu de 621 Mt l’an passé, et 7 Mt de moins que l’estimation de janvier dernier) soit une légère baisse de 1,7% et un stock représentant toujours 29% de la consommation mondiale, soit 3,5 mois. Pour mémoire, on considère que la situation devient tendue pour la sécurité alimentaire mondiale lorsque les réserves peinent à couvrir 2 mois de consommation. Le contexte apparait toutefois contrasté entre les différentes céréales. Alors que les stocks de blé continuent à gonfler d’une année sur l’autre (+ 14 Mt), ce sont surtout ceux de maïs et d’orge qui sont attendus en repli (respectivement -20 Mt et -2 Mt).
Par ailleurs, comme souvent en cette période de fin d’hiver dans les principaux pays producteurs de blé de l’hémisphère nord, les marchés s’intéressent de plus en plus aux prévisions de production de la récolte à venir et sont focalisés sur les conditions météorologiques. Une baisse significative des perspectives de production pour 2018/2019, si elle se confirmait d’ici la récolte, dans ce contexte de légère diminution des stocks, pourrait en effet être de nature à changer les équilibres du marché pour la prochaine campagne.
La météo en Amérique du Sud alimente le « weather market » sur le marché du soja depuis quelques semaines et commence à agiter celui du maïs. La Bourse de Rosario a d’ailleurs diminué sa prévision de 5 Mt ces derniers jours la plaçant à seulement
35 MT. Si le CIC va dans le même sens en baissant ses prévisions de 2,7 Mt, le niveau estimé (46,5 Mt) reste très au-dessus des chiffres des analystes privés et de l’USDA (39 Mt) et laisse présager de nouveaux ajustements dans les prochains mois. Les perspectives du CIC pour le Brésil sont également baissées à
87,5 au lieu de 90,2 Mt, plus en phase avec les analystes privés et nettement en-dessous de l’USDA (95Mt).
La sécheresse aux Etats-Unis perdure surtout dans le sud et l’ouest des grandes plaines et continue de soutenir les prix du blé américain, malgré des exportations en berne. Les conditions de cultures publiées par l’USDA sont regardées de plus en plus près par les opérateurs.
La vague de froid annoncée sur l’Europe de l’ouest fait craindre des dégâts hivernaux sur des cultures ne bénéficiant pas de couverture neigeuse et soufrant même plutôt d’un excès d’eau en raison des fortes précipitations de ce début d’année, notamment en Allemagne, Pologne et dans l’est de la France. Cette semaine l’observatoire de l’état des cultures en France, Cere’Obs, montre que le mois de février aura affecté l’état des cultures françaises, qui reste néanmoins qualifié de Bon à Très Bon pour 85% des surfaces de blé et 82% des surfaces d’orge d’hiver.
Ceci étant, le combat pour la recherche de débouchés pour les blés français reste entier. Si les appels d’offres du GASC ne retiennent même plus l’attention des opérateurs nationaux, tant ils sont systématiquement remportés par la Russie (encore 120 kt cette semaine), l’Algérie reste un client privilégié de la France et a de nouveau contractualisé 340 kt de blé… N’oublions pas toutefois que France et Argentine se disputent les parts de marchés sur cette destination.
La neige semble vouloir enfin gripper la belle mécanique logistique de la Mer Noire en place depuis le début de la campagne. Espérons qu’à la faveur d’une amélioration de la parité euro/dollar, parfois un peu moins pénalisante au gré des séances agitées du marché des changes, et de ces quelques difficultés logistiques, le blé français saura saisir des opportunités ... et surtout, que les anticipations sur la prochaine récolte, bien encore hasardeuse en cette fin d’hiver, ne bloquent toute velléités de faire des affaires sur la campagne actuelle.