Marché des céréales
Hausse des stocks prévisionnels français
Les céréales françaises font face à une forte concurrence provenant de la mer Noire mais également de l’Australie, qui se place auprès des acheteurs asiatiques, convoités jusque-là par les Etats-Unis.
Le dernier de FranceAgriMer traduit le peu de dynamisme rencontré sur le marché français ces derniers mois en revoyant à la hausse les stockes prévisionnels 2023/24 de toutes les céréales. Cela traduit bien le faible positionnement des céréales européennes, et plus particulièrement françaises, sur le marché international. Elles pâtissent d’une parité euro/dollar en leur défaveur (avec un nouveau plus haut atteint cette semaine pour la première fois depuis aout 2023), mais également de prix de céréales provenant de la mer Noire extrêmement compétitifs.
Pour les céréales françaises, à cela s’ajoute une demande intérieure ralentie avec une consommation limitée de la part de la meunerie et de la nutrition animale.
C’est dans ce contexte que FranceAgriMer a revu les stocks comme suit. Pour le blé tendre, le stock final est estimé à 3,06 millions de tonnes (Mt), soit une hausse de 281 000 t par rapport à la prévision du mois dernier (contre 2,55 Mt l’an dernier). Pour l’orge, il est revu à 1,7 Mt (+ 46 000 t par rapport au mois dernier), en hausse de 66,1% par rapport à la campagne précédente (à 1,02 Mt). Pour le maïs grain, le stock est attendu à 1,86 Mt, soit une hausse de 214 000 t par rapport au mois dernier et de 200 000 t par rapport à la campagne dernière. Cette hausse des stocks est accompagnée d’une baisse de la production en blé tendre (de 35,15 Mt à 35,10 Mt) et en orges (de 12,25 Mt à 12,23 Mt). Tandis que la production de maïs grain est attendue en hausse de 11,12 Mt à 11,54 Mt. Le bilan détaillé est disponible dans la rubrique « Statistique et référence » du numéro de cette semaine.
Les chiffres de ce bilan not pesé sur les cours, et les conditions de culture de la récolte 2024 ne sont pas apparues comme des éléments de soutien suffisants pour maintenir les prix sur Euronext et sur le marché français. En effet, les fortes pluies inquiètent toujours et le retard de semis s’accumulent. Quelques accalmies ont permis aux agriculteurs d’avancée dans les semis, ce qui fait progresser ceux-ci de 67% à 71% de réalisation pour le blé tendre, mais nous sommes loin des chiffres de l’an dernier ou à pareil date 96 % des semis étaient terminés (89% pour la moyenne quinquennale). Ces conditions humides ont également un impact sur les cultures en place qui sont la aussi en retard (61% des cultures en sont au stade « levée » contre 85% en 2022 et 72% sur la moyenne quinquennale). Le constat est identique pour l’orge d’hiver - bien qu’un peu moins important – avec 84% des semis réalisés contre 99% en 2022 et 94% sur la moyenne quinquennale. Les prévisions météorologiques ne vont pas dans le sens d’une amélioration et pose question sur la modification des assolements.
La France n’est pas le seul pays européen à subir ces conditions pluvieuses. Un analyste privé remonte l’impact important de ces précipitations sur les assolements au Royaume-Unis avec une prévision de baisse de 13% des surfaces de blé d’hiver. Cependant les conditions semblent s’améliorer en Europe centrale et orientale.
Les conditions pluvieuses ne sont pas le seul adage de l’hémisphère Nord puise que les mêmes conditions perturbent fortement les conditions de semis de soja au Brésil qui sont réalisés à 58% (contre 68% l’an dernier). Ce retard de semis et donc de culture pourrait avoir un impact sur la récolte de maïs safrinha qui suit cette culture. Pour mémoire, cette deuxième récolte de maïs représente 75% de la production nationale.