Marché des céréales
La géopolitique au centre des marchés céréaliers
Les marchés céréaliers ont largement été dopés par la montée en puissance du conflit en Ukraine en fin de semaine dernière. A cela s’ajoute des conditions climatiques sous surveillance.
Après près d’un an de conflit et alors que les opérateurs commençaient à s’interroger sur le devenir du corridor, le regain d’intensité du conflit russo-ukrainien vendredi dernier avec de nombreux bombardements et les annonces des autorités russes sur le corridor ont été perçus par les marchés comme une nouvelle source d’inquiétude. L’effet a été immédiat avec une remontée des prix comme nous n’en avions pas vu depuis plusieurs mois. Sur Euronext, en une séance, le blé a gagné 5,25 €/t à 297,00 €/t échéance mars et le maïs a grimpé de 4,00 € /t à 291,75 €/t échéance mars.
Cette tendance haussière sera observée jusqu’en milieu de semaine, appuyée par une parité euro/dollar stable à baissière et par des inquiétudes liées aux conditions climatiques. Concernant ce dernier point, la situation ne semble pas ou peu évoluer en Amérique du Sud. Les conditions restent toujours trop humides au Brésil et entraînent un retard de 17 points dans les semis du maïs safrinha. A l’inverse le temps sec reste de mise en Argentine, aux Etats-Unis dans la région des plaines et en Europe occidentale.
Ces éléments de soutien des cours n’ont pas pu compenser les annonces des principaux rapports parus cette semaine. D’une part, les prévisions de surfaces et de production de grains du ministère de l’Agriculture via Agreste ont estimé en hausse de 2% les surfaces de blé tendre pour la campagne 2023/2024, se rapprochant de la moyenne quinquennale (+0,4%). La hausse pour les orges d’hiver serait de 3,7% par rapport à 2022 et de 7,0% par rapport au niveau quinquennal.
D’autre part, FranceAgriMer a publié ses prévisions de bilan de campagne 2022/2023. Point à noter, les exportations vers les pays-tiers ont été revus à la baisse à 10,45 Mt (contre 10,6Mt en janvier). Cette baisse des exportations françaises se traduit par la forte présence des blés origine mer Noire et notamment Russie. Les stocks de fin de campagne sont donc impactés à la hausse avec une estimation à 2,464 Mt (contre 2,329 Mt en janvier).
A cela s’ajoute un relatif optimisme concernant le devenir du corridor. Il apparaitrait comme de moins en moins probable que son existence soit remise en cause. D’autant plus que la Chine est un des plus gros clients du maïs ukrainien avec 1 Mt en décembre et en janvier et 300 000 t déjà réalisées en février. Il semble donc difficile pour le gouvernement russe d’ignorer l’impact de la présence de ce corridor pour son voisin chinois.
Ces évènements ont orienté les cours à la baisse sur Euronext en fin de semaine, revenant à des niveaux équivalents à ceux du milieu de semaine dernière.
Sur la scène internationale, il faudra tout de même noter les expéditions records de l’Australie qui a exporté plus d’1 Mt d’orge fourragère en décembre, principalement vers l’Arabie Saoudite et le Japon, et plus de 2,6 Mt de blé tendre et de blé dur sur ce même mois de décembre 2022 (source Bureau Australien des Statistiques).
Deux appels d’offres vont être lancés : le premier ce jour par la Tunisie pour 100 000 t de blé et 75 000 t d’orge ; et le second par la Jordanie la semaine prochaine pour 120 000 t d’orge.