Afin de répondre aux enjeux de la qualité du blé tendre dans les filières de production en termes de teneur en protéines du grain, ARVALIS - Institut du végétal a revu la méthode de détermination du besoin unitaire en azote des variétés*. Ce nouveau référentiel, baptisé « bq », est désormais intégré dans FERTIWeb® et peut aussi être valorisé dans FARMSTAR.
Qu’est-ce que les bq ?
Le nouveau référentiel des besoins d’azote du blé tendre, édité par ARVALIS - Institut du Végétal, ou coefficients « bq 11.5% », permet de prendre en compte le besoin unitaire des variétés associant un objectif de rendement et de qualité (Objectif de teneur en protéines dans le grain de 11.5 %). En effet, toutes les variétés n’ont pas les mêmes teneurs en protéines à la dose d’azote correspondant à l’optimum de rendement. Certaines variétés n’atteignent pas une teneur en protéine de 11,5 % et ont besoin d’un complément pour aboutir à la qualité souhaitée. Les coefficients « bq 11.5 % », définis par variétés, permettent désormais de prendre en compte le double objectif rendement et qualité. En l’absence d’objectif de teneur en protéines, un besoin unitaire « b » reste proposé.
Les besoins « bq » intégrés dans FERTIWeb®
L’outil de calcul de la dose totale d’azote FERTIWeb® Technic, créé par ARVALIS - Institut du végétal et AUREA Agrosciences, intègrera ce nouveau référentiel des besoins du blé tendre dès la campagne 2016-2017. Cet outil construit sur des bases agronomiques et indépendantes propose un moteur de calcul de dose d’azote prévisionnelle général pour la France entière, avec des écritures régionalisées (Bretagne, Poitou-Charentes, Lorraine, Sud-Ouest et Champagne-Ardenne). Une des améliorations majeures de cet outil de calcul de dose est une meilleure estimation de la minéralisation des matières organiques (humus, cultures intermédiaires, produits résiduaires organiques, …) selon des scénarios régionaux de jours normalisés médians.
Le nouveau référentiel disponible dans FARMSTAR
Dès la campagne 2016-2017, les parcelles de blés tendres abonnées à FARMSTAR avec un débouché « protéines » recevront un calcul de dose totale d’azote utilisant les nouveaux besoins unitaires prenant en compte le double objectif rendement et qualité, dès lors que la méthode de calcul aura été sélectionnée par l’organisme distributeur. Les préconisations de mise en réserve et d’apport en fin de montaison seront adaptées à ce nouveau référentiel afin d’optimiser la fertilisation azotée pour maximiser les chances d’atteindre l’objectif de
11.5 % de protéine fixé par la filière. Cependant, en matière de teneur en protéines à la récolte, si la gestion de la fertilisation azotée est un des leviers permettant d’aller vers cet objectif, les conditions climatiques subies notamment pendant le remplissage participent d’une façon importante à l’élaboration de la teneur en protéines finale. Les besoins unitaires prenant en compte uniquement un objectif de rendement continueront d’être utilisés pour les parcelles avec un objectif « rendement ».
* Pour en savoir plus sur les nouvelles références sur les besoins unitaires des variétés pour assurer rendement et protéines, ici
Relever le défi
du changement climatique
Innovation. Tel est le maître-mot rassemblant aujourd’hui une filière céréalière qui doit, et devra plus encore dans le futur, faire face à une intensification des aléas climatiques. Comment anticiper les évolutions du climat ? Comment réagir au mieux face à des événements climatiques imprévus, fortes pluies ou phases de sécheresse intense ? Comment contribuer à la réduction de l’émission des gaz à effet de serre ? Autant de questions sur lesquelles la recherche, et les entreprises de la filière, travaillent aujourd’hui. Méthodes de sélection des variétés innovantes, déploiement de capteurs connectés au cœur des champs, tests de techniques d’irrigation de précision prometteuses... Le secteur céréalier entend bien relever le défi climatique qui lui fait face, en renouvelant ses pratiques. A l’occasion du Salon International de l’Agriculture, Passion Céréales lève le voile sur les fermes du futur où les exploitants prendront les décisions optimales grâce à une connaissance pointue et constamment réactualisée de leur environnement de travail.
Le contexte - Une activité économique majeure fortement climato dépendante
Evoquer la place des céréales en France, c’est convoquer tout à la fois son histoire, son économie, son aménagement du territoire, sa recherche scientifique, sa culture même. L’étendue des champs d’implication du blé, du maïs ou de l’orge montre à quel point le secteur est profondément ancré dans la vie de l’Hexagone et fait partie de l’environnement quotidien des Français. Des Français qui croisent la filière céréalière quand ils observent au printemps la beauté des paysages ruraux, quand ils achètent chaque jour leur baguette ou encore quand ils se penchent sur la balance commerciale de leur pays. Du lever au coucher, les céréales nous accompagnent au quotidien, dans notre alimentation mais aussi dans de nombreux autres produits.
Les chiffres sont là pour le confirmer. 20 % du territoire national est aujourd’hui cultivé en céréales, soit 30 % de la surface agricole. Des terres qui permettent de produire, en moyenne, chaque année, près de 70 millions de tonnes de céréales. La France est, en conséquence un poids lourd au niveau mondial, qui exporte chaque année la moitié des grains qu’elle produit. Le secteur constitue donc un enjeu économique de premier plan avec une filière qui totalise 450.000 emplois, 174.000 emplois dans les champs (270.000 exploitations cultivent des céréales), le reste se répartissant dans les filières amont et aval. Un poids confirmé lorsqu’on se penche sur les données commerciales. En 2015-2016, 6,9 milliards d’euros ont été générés par l’exportation de 35,8 millions de tonnes de céréales.
L’année 2016 a toutefois porté un coup d’arrêt temporaire à cette belle dynamique. Après une récolte record observée en 2015 (41 millions de tonnes pour le blé tendre), la France agricole a dû faire face à une situation inédite depuis plusieurs décennies. La baisse de la production
(-31,6 % par rapport à 2015 pour le blé tendre d’après Agreste, le service des statistiques du ministère de l’Agriculture), résultat cumulé de la diminution des surfaces et de la chute des rendements, a eu des incidences fortes sur l’ensemble de la filière céréalière, fragilisant la santé économique de nombreuses fermes comme de secteurs économiques entiers et pénalisant notamment les exportations. En cause : une situation météorologique exceptionnelle au printemps, faite de pluies abondantes, d’inondations, d’humidité et d’un faible ensoleillement. Les conséquences ont été catastrophiques pour les champs céréaliers. La croissance des plantes a été directement impactée et le développement de maladies a pénalisé la récolte. Ces événements ont rappelé, si besoin en était, que le changement climatique était d’ores et déjà à l’œuvre et que, s’il se caractérisait par une augmentation des températures moyennes, il impliquait également une plus grande irrégularité climatique et des phénomènes météorologiques de grande intensité. Ce qui suppose que la situation observée au printemps 2016 (au même titre qu’une canicule comme celle de 2003), pourrait se répéter de façon plus fréquente à l’avenir.
Les scientifiques travaillant sur les questions agricoles n’ont pas attendu l’alerte de l’an dernier pour prendre conscience des dangers de l’évolution climatique pour la production française. Cela fait déjà plusieurs années qu’ils ont démontré, par exemple, que « la stagnation des rendements du blé observée depuis le début des années 90 est étroitement liée au dérèglement climatique », comme l’indique Katia Beauchêne, d’ARVALIS-Institut du végétal. Sur le terrain, « on constate l’extension de la zone d’influence d’insectes ravageurs, à la faveur d’une augmentation des températures moyennes, explique Jacques Frandon, de Bioline Agrosciences. La sésamie qui attaque les tiges du maïs progresse par exemple vers des zones plus septentrionales que jusqu’alors. »
Aussi, tout un pan de la recherche française œuvre aujourd’hui au déploiement de solutions innovantes, de méthodes, de préconisations pour repositionner les pratiques agricoles face à la nouvelle donne climatique ou, tout du moins, permettre aux céréaliers de s’adapter de manière réactive en cas d’aléas soudains.
Les avancées scientifiques obtenues sur les questions génétiques constituent un atout précieux dans ce combat. C’est ainsi que de nouvelles variétés émergent, plus adaptées aux exigences du climat. La maturité de certaines solutions technologiques (capteurs, smartphones...) et de voies de diffusion de l’information innovantes (réseaux bas débit pour objets connectés) offrent également de nouvelles
perspectives prometteuses. L’observation des parcelles progresse ainsi de façon plus précise, grâce à des outils connectés. En découle un pilotage des cultures au plus près de besoins des plantes, grâce à l’expertise agronomique associée à ces nouvelles solutions numériques.
L’innovation intervient à de multiples niveaux. Par exemple dans le secteur du biocontrôle qui privilégie l’intervention des organismes vivants ou des substances naturelles, dans la lutte contre les ravageurs des cultures et les maladies. Pour ce faire, la société Bioline Agrosciences place des œufs de trichogrammes (minuscules guêpes chargées de lutter contre la pyrale du maïs) dans des capsules qu’elle épand par drone. « La pyrale arrive désormais plus tôt, en raison du changement climatique, explique Jacques Frandon, responsable production et développement de l’entreprise. Il faut donc épandre les trichogrammes de manière plus précoce. Or, à cette période, les maïs ne sont pas très hauts et leurs feuilles ne pourront donc pas protéger les capsules tombées au sol d’une exposition trop intensive au soleil, comme cela pouvait être le cas, dans le passé, lorsque les capsules étaient épandues sur des plants plus développés. »
Bioline Agrosciences travaille donc aujourd’hui à la mise au point d’un nouveau conditionnement, qui permettra aux trichogrammes ne pas pâtir d’une éventuelle insolation des capsules.
Un dossier complet présente ces innovations qui permettent une meilleure adaptation du monde céréalier aux changements climatiques. Des innovations des plus stratégiques pour l’avenir de la ferme France mais également pour la planète tant la fourniture de matières premières agricoles en quantité et qualité suffisantes apparaît à la croisée des enjeux internationaux qui nous font face (défi alimentaire, stabilité géopolitique, équilibre économique, préservation de l’environnement...). Des innovations que Passion Céréales vous invite à découvrir à l’occasion du Salon International de l’Agriculture. Au cœur de l’Odyssée Végétale, une ferme grandeur nature offrira, cette année encore, une vision du futur des exploitations de grandes cultures. Des exploitations qui, tout en s’adaptant au quotidien aux nouvelles conditions climatiques, n’en oublient pas une autre de leurs ambitions : jouer, par de multiples actions, un rôle actif dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Prix Imagin’Maïs 2016-2017
3 projets récompensés
La filière Maïs (AGPM, FNPSMS, sections maïs du Gnis et de l’UFS*) a lancé en 2016 le prix « Imagin’Maïs » auprès d’étudiants ingénieurs, masters ou doctorants, en vue d’une réflexion prospective sur les rôles possibles du maïs pour répondre à des besoins de la vie quotidienne de manière durable.
Pour cette 1ère édition, quatre établissements d’enseignement et de recherche ont participé : le Centre de Mise en Forme des Matériaux (CEMEF) de l’Ecole des Mines-ParisTech (Sophia Antipolis), l’Université de Technologie de Compiègne (UTC), l’Ecole Supérieure d’Ingénieurs en Matériaux/Développement Durable et Informatique/Electronique (ESIREM) à l’Université de Bourgogne (Dijon) et le cursus Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Montpellier (ENSCM) - Montpellier SupAgro.
Le jury était composé de six personnalités de la recherche, de l’industrie, de la propriété intellectuelle, de l’agronomie et de la finance : Président : Daniel Peyraube, Président de l’AGPM et de Maiz’Europ’ • Christian Brevard, membre de l’Académie des Technologies, Président de l’Institut Européen Entreprise et Propriété Industrielle – IEEPI • Jacques Mathieu, Directeur Général de l’Institut du Végétal – ARVALIS • Rémi Bastien, Président de la section maïs de l’Union Française des Semenciers – UFS • Alexandre Biau, Chargé d’études économiques – UNIGRAINS • Yves Belegaud, Président de l‘Union des Syndicats des Industries des Produits Amylacés et de leurs dérivés – USIPA.
Réuni fin janvier 2017, le jury a évalué les 8 dossiers présentés au concours en fonction de trois critères principaux : la créativité de l’idée proposée, la faisabilité de l’application et la durabilité de l’emploi de la ressource végétale. La cérémonie de remise des Prix a eu lieu le 14 février 2017 au siège parisien de Maiz’Europ’ en présence des candidats, de leurs enseignants, des membres du jury et des organisations professionnelles de la filière maïs.
Les trois prix ont été décernés :
- Prix « Faisabilité » à Marilou Simonnetto de l’Université de Technologie de Compiègne pour son projet « La glace caramel allégée en sucres et en matières grasses »
- Prix « Innovation » à Lucile Druel et Richard Bardl du CEMEF - MINES ParisTech (Sophia Antipolis) pour leur projet « Matériaux innovants et fonctionnels à base d’amidon : les bio-aérogels »
- Prix « Durabilité » à Alexe Brugnot, Julien Lacroux, Mathilde Lippi et Marion Torrès de l’ENSCM - Montpellier SupAgro pour leur projet « Cornéo, la fibre autrement ».
Les trois projets gagnants sont récompensés par une dotation de
2 500 € chacun.