
Marché des céréales
La forte concurrence mondiale fait chuter les prix du blé
Ce début d’année est marqué par une chute significative des prix des céréales, en particulier du blé. Les belles récoltes russe et australienne de blé rassurent les marchés et replacent le jeu de la concurrence comme premier facteur d’influence des cours, loin des fracas de la guerre en Ukraine.
Les nombreux rapports parus cette semaine (Stratégie Grains, USDA, Conseil International des Céréales (CIC)), sont tous en accord sur un point : la production mondiale de blé devrait atteindre un nouveau record. Elle est estimée par le CIC à 796 millions de tonnes (Mt) pour la campagne 2022/23.
La récolte a de nouveau été revue en hausse en Australie par le CIC, atteignant là aussi un record estimé à 38,1 Mt, soit une hausse de 4,7% par rapport à l’an dernier. Les cultures ont cependant été impactées par les importantes précipitations qui ont entrainé une diminution du taux de protéines, notamment dans les régions de l’Est.
Il en est de même pour la Russie avec une production estimée à 95,4 Mt (+27,2 % par rapport à 2021/22). Si les exportations russes étaient au ralenti en 2022, pénalisées par les sanctions occidentales, elles sont reparties de plus belle en ce début d’année. La Russie profite d’un disponible à l’export confortable et d’une parité monétaire avantageuse, ce qui lui offre une bonne compétitivité sur le marché international. La Russie a remporté cette semaine un appel d’offre égyptien pour 120 000 t de blé ainsi qu’une partie de l’appel d’offre turque qui était lancé pour 565 000 t de blé meunier.
A cela s’ajoute l’Inde qui semble optimiste sur sa future récolte en raison de conditions climatiques favorables. Le directeur de l’institut indien de la recherche sur le blé et l’orge estime la production à 112 Mt. Loin des chiffres du CIC (106,8 Mt) ou de l’USDA (103,0 Mt). Un certain recul est donc à prendre vis-à-vis de cette première estimation de production. D’autant plus que pour la précédente campagne l’Inde avait vu son potentiel de production balayé en raison de conditions climatiques défavorables en fin de cycle.
Cette hausse du stock disponible au niveau mondial pèse sur le cours des céréales. Néanmoins, les stocks disponibles se situent principalement en Australie et en Russie. Il sera important de surveiller leurs capacités d’exportation dans les prochaines semaines, Stratégie Grains revoit d’ailleurs à la hausse les stocks en Australie et en Russie sur ce mois-ci.
Du côté du maïs, la production est estimée en baisse par le CIC et l’USDA à 1 161 Mt, soit une baisse de 4,8% par rapport à l’an dernier.
Cette baisse de production est principalement due à la baisse de production en Argentine. Le stress hydrique des cultures, engendré par un très faible niveau de précipitations, a fortement impacté le potentiel de production. La production argentine est estimée par le CIC à 56,0 Mt, soit son plus bas niveau depuis quatre ans (-1,0 Mt par rapport à 2021/22). Cette estimation est très au-dessus de celle de la Bourse de Rosario qui estime une production en baisse à 45,0 Mt.
La guerre en Ukraine impacte également le potentiel de production mondial de maïs, puisque la récolte dans le pays en guerre s’effectue à un rythme lent. Au 6 janvier, 81% des surfaces de maïs étaient récoltées. Actuellement 22,1 Mt sont récoltés contre 42,1 Mt l’an dernier. Les estimations de production du CIC ne sont guère plus encourageantes avec 25,5 Mt.
Cette annonce de réduction de la production mondiale ne permet pas de soutenir le marché du maïs. Celui-ci est pénalisé par une baisse de la demande en alimentation humaine et animale. La demande mondiale se contracte de 2% en glissement annuel à 1 188 Mt (source CIC).
De plus, la très forte hausse de production attendu au Brésil vient peser à l’international. Le CIC estime une production record à 123,1 Mt en hausse de 9,2% par rapport à l’année dernière.
Du côté de l’orge, l’année 2023 commence s’est déroulée 2022. La demande mondiale est peu soutenue, la Chine n’étant pas de retour aux achats de façon massive. Le CIC estime une consommation équivalente à celle de l’an dernier à 150 Mt, mais en raison d’une hausse de la production de 2 Mt, le stock de report devrait augmenter d’autant et atteindre les 26 Mt (+7,6%). Ce qui reste inférieur aux stockes de 2019/20 ou 2020/21 qui étaient à 28 Mt.
A noter qu’une demande en portuaire est également présente pour honorer d’anciens contrats.