Marché des céréales
Un marché sous forte contrainte logistique
Blé
Au cours de la séance de lundi, le marché à terme du blé de Chicago s’est apprécié de 7 $/t supplémentaires. Mais ces gains se sont partiellement envolés suite à la publication du rapport USDA et à l’amélioration des perspectives climatiques sur les prochaines semaines aux Etats-Unis. Les inquiétudes pour la prochaine récolte s’atténuent. Les états les plus affectés par la sécheresse depuis l'automne devraient bénéficier de précipitations dans les prochains jours, ce qui permettrait de limiter les dégâts. Plus au nord, où le froid a nettement freiné ces dernières semaines les semis des blés de printemps, les températures s’améliorent.
Ainsi, le marché s’est plus focalisé sur les mauvaises performances américaines à l’exportation tout au long de cette campagne et sur les stocks de report revus en hausse. En effet, mardi, l’USDA a publié son rapport mensuel sur l’offre et la demande de blé aux Etats-Unis et à l’échelle mondiale. Le stock de report américain est augmenté de 820 kt. Ainsi, malgré une petite récolte en 2017, le pays conserve encore un stock important de blé (29 Mt). Comme pour l’Europe, les blés américains peinent à être compétitifs sur le marché mondial. La baisse brutale du rouble cette semaine sur le marché monétaire complique encore la donne, conférant un nouvel avantage compétitif au blé russe sur la scène internationale.
En France, le cours sur le marché à terme s’effrite, les primes restent stables, mais la demande en portuaire ne décolle pas. Les opérateurs sont pour le moment concentrés sur les exécutions dans un contexte de grève des cheminots qui perturbe fortement les livraisons. Le marché du fret fluvial et terrestre continue de se tendre et les surcoûts à la tonne sont maintenant de l’ordre de 5 à 8 €/t selon les destinations.
La publication du bilan de FranceAgriMer cette semaine, annonçant un stock de blé moindre que prévu initialement laisse les opérateurs dubitatifs … notamment dans ce contexte logistique particulièrement tendu.
Orge
Les prix de l’orge sont très erratiques sur cette fin de campagne. La demande en portuaire se tasse quelque peu car, comme pour le blé, les opérateurs sont surtout occupés à gérer l’exécution des contrats déjà réalisés, avec notamment de nouveaux bateaux attendus pour la Chine et l’Arabie Saoudite dans les prochains jours. Les difficultés d’acheminement actuelle des marchandises contraignent les OS comme les exportateurs à ne pas prendre de nouveaux engagements. Ainsi, la prime en portuaire baisse de
3 €/t cette semaine.
Par contre, sur le marché intérieur, les industriels de la nutrition animale n’ont guère le choix que de monter leur prix d’achat pour couvrir leurs besoins immédiats.
Concernant la nouvelle récolte, peu d’affaires sont à noter cette semaine. Les primes sont stables. Les semis des orges de printemps ont bien progressé, passant de 78% à 96 % selon l’Observatoire de FranceAgriMer Cere’Obs (100% l’an dernier à cette date).
Maïs
Comme pour le blé et l’orge, la logistique perturbe le marché du maïs. Le courant d’affaires en petits bateaux pour le nord de la Bretagne ou le nord de la France se poursuit. Mais les ports de l’Atlantique ne sont pas épargnés par la grève et les difficultés d’acheminement viennent également perturber ces solutions de rechanges.
Les agriculteurs s’inquiètent de ne pas pouvoir semer. Alors qu’il faudrait plusieurs jours sans pluie pour permettre de démarrer les travaux de semis, le temps reste incertain et peine à se mettre « au beau » pour de vrai. A l’échelle nationale, selon l’observatoire Cere’Obs de FranceAgriMer, seul 1 % des surfaces prévues étaient semées au 9 avril, contre 23 % l’an dernier à la même période. En Poitou Charentes comme en Alsace, seul 2% des surfaces sont semées, contre 46% et 44% respectivement l’an dernier.