Marché des céréales
La Roumanie et la Bulgarie « sauvent » la production de blé en mer Noire
Alors que l’on sort de la période du « weather market » et que l’impact des aléas climatiques sur les cultures diminue, les regards se tournent vers les chiffres de production qui s’affinent, et semblent annoncer un bilan mondial plus tendu que l’année dernière.
En Amérique du Sud, où la sècheresse et les températures au-dessus des normes saisonnières persistent, le potentiel des récoltes inquiète. En Argentine notamment, les opérateurs attendent une récolte inférieure à la campagne précédente, ce qui, dans un contexte global où la production de blé est en baisse et où la demande reste solide, crée une tension supplémentaire. En termes de commercialisation, le volume d’ancienne récolte argentine commercialisé s’élève à 15,4Mt, avec encore 2Mt disponibles. Les exportateurs en détiennent 11Mt contre 10,6Mt de licences d’exportation. Pour la nouvelle récolte, 5,7Mt ont été commercialisés contre 4,1Mt l’année dernière.
En région mer Noire également, les conditions climatiques ont porté préjudice aux récoltes. La production russe, selon les derniers chiffres officiels, était récoltée à 78% et estimée à 72,5Mt, ce qui compte tenu des surfaces plantées, bien inférieures à celles de 2020 (2,4 mHa vs. 3,5 mHa) semble difficile à atteindre. A cela s’ajoute l’augmentation des taxes à l’export russes à environ $5/semaine, qui diminue encore davantage la disponibilité du blé russe et l’on comprend que cette année encore le marché ne pourra pas entièrement compter sur l’exportateur russe pour s’approvisionner.
Cependant cette année, deux producteurs viennent soulager la tension en région mer Noire : la Bulgarie et la Roumanie dont les productions sont attendues à des niveaux élevés selon Intercéréales. Selon le Ministère de l’agriculture roumain, la production s’élèverait à 11,4Mt contre 6,4Mt l’année dernière, un record justifié par une forte augmentation des rendements plutôt que des surfaces. Cependant des doutes sur la qualité de ce blé pourraient partiellement le destiner au marché fourrager (50% selon certains analystes) et limiter sa concurrence pour le blé français.
Même situation côté bulgare, où la production est estimée à 7,1Mt, en hausse de 54% par rapport à la campagne précédente.
Ces deux origines peuvent devenir de vrais concurrents pour le blé français, tant eu sein de l’Union européenne que vers les pays tiers. En 2020/21, la Roumanie a ainsi exporté son premier chargement vers l’Algérie depuis 2015/16, tandis que la Roumanie et la Bulgarie ont à elles deux exporté 170kt de blé au Maroc cette année, tandis que la France perdait 23% de ses parts de marché par rapport à la campagne précédente.
Côté appels d’offre, l’Algérie achetait 500kt de blé cette semaine, partiellement d’origine russe, ce qui porte le total de ses achats pour la période juillet-octobre à 2Mt.
Côté marchés, Euronext corrigeait partiellement sa hausse de ces dernières semaines, de 10€/t par rapport aux niveaux les plus élevés du mois d’août. Mais si la baisse du soja cette semaine limitait le potentiel de hausse des autres matières premières dont le blé à Chicago, la baisse de la production et la forte demande semblent indiquer que le blé ne devrait pas maintenir ces niveaux longtemps.