
Marché des céréales
Une zone Mer-Noire sous surveillance
Le marché des céréales a encore été très bousculé cette semaine, à l’image de la fébrilité qui est observée depuis ces derniers mois. En cause le temps chaud et sec constaté sur l’hémisphère Nord, mais surtout l’annonce de l’accord entre l’Ukraine et la Russie sur la mise en place de « couloirs sécurisés » pour l’exportation du grain.
Vendredi dernier, le 22 juillet, l’accord signé entre l’Ukraine et la Russie permettant l’exportation des grains ukrainiens a fait chuter les cours de l’ensemble des céréales. Cet accord, valable quatre mois, devrait permettre de débloquer les céréales ukrainiennes à partir des ports d’Odesse, Pivdenny et Tchornorsk.
Les espoirs n’ont été que de courtes durées puisque le lendemain de cette signature, le port d’Odessa était bombardé par les forces russes, mettant en avant la fragilité de cet accord.
Il n’en fallait pas moins pour inquiéter les marchés, prompts à réagir à la moindre information. Les cours sont donc repartis en hausse cette semaine sans pour autant effacer le recul de la semaine passée en blé notamment.
Bien que la mise en place de cet accord progresse sous l’égide de l’ONU et de la Turquie, des inquiétudes logistiques demeurent. Les eaux de la mer Noire sont minées, il va donc falloir trouver des propriétaires de navires, des équipages et des assureurs prêts à prendre le risque d’aller naviguer jusque dans les ports Ukrainiens. Les premières sorties des navires remplis de grains bloqués depuis des mois dans les ports ukrainiens sont donc attendus par l’ensemble des acteurs.
A cela s’ajoute un climat chaud et sec sur l’ensemble de l’hémisphère Nord. S’il a été très propice aux cultures en période de récolte comme le blé et l’orge d’hiver, il l’est beaucoup moins pour les cultures en plein développement comme le maïs et l’orge de printemps.
Du côté du blé, les moissons françaises sont quasiment finalisées avec 95% des surfaces récoltées au 25 juillet selon FranceAgriMer. Pas de surprise pour cette fin de moisson qui est dans l’alignement de nos précédents écrits : des rendements hétérogènes sont constatés à l’échelle nationale mais également régionale. La société Agritel a réalisé une estimation de la production française 2022 de blé tendre à 33, 44 millions de tonnes (Mt), soit supérieur à l’estimation de FranceAgriMer qui était à 32,9 Mt.
L’absence de l’origine mer Noire renforce la position du blé français et plus largement du blé européen sur le tableau des exportations. Des volumes de chargement records sont enregistrés par la Commission Européenne avec 1,4 Mt exportées par l’Union Européenne (hors Royaume-Unis), contre 1,03 Mt l’an dernier à la même époque. A noter que les volumes de chargements les plus conséquents sont à destination du Maroc, de la Jordanie et de l’Algérie.
Pour l’orge d’hiver, les moissons sont terminées depuis maintenant 2 semaines. Les constats sont les mêmes que pour le blé. Si ce n’est que les exportations ne sont pas aussi bonnes, les principaux acheteurs comme la Chine étant toujours absents des marchés.
L’orge de printemps voit sa récolte progresser de 15 points par rapport à la semaine passée pour atteindre les 92% de réalisées. Mais cette culture a souffert du printemps sec et les rendements ne sont pas au rendez-vous. Les chiffres seront à surveiller dans les semaines qui viennent.