Marché des céréales
Les pluies du Midwest américain réchauffent les prix
Blé
Les pluies diluviennes qui s’abattent sur les plaines du Midwest aux Etats-Unis depuis début mai ont permis de stopper la baisse dans laquelle étaient engagés les prix mondiaux du blé en nouvelle récolte. Le blé est certes moins concerné que le maïs par ces précipitations excessives (voir plus bas), mais les opérateurs craignent une dégradation significative de la qualité des blés d’hiver dans les grandes zones de production du Hard Red Winter. Les cumuls de pluie sont tels que des alertes aux inondations sont signalées dans le Kansas et l’Oklahoma. A l’inverse, le temps trop sec qui s’est installé dans le nord du pays, où est cultivé le blé de printemps, n’est pas idéal non plus, et les semis sont à la traîne. Cette situation a déclenché un net rebond du prix du blé à Chicago, qui a atteint son apogée mardi avant de se tasser quelque peu depuis. L’ensemble des cours mondiaux a profité de l’embellie en nouvelle récolte, avec un rendu Rouen (juillet) qui s’est hissé à 172,5 euros/tonne le 21 mai (le Matif Septembre a alors culminé à 178,25 euros/tonne, au plus haut depuis sept semaines) pour corriger à 171,5 euros le 23 mai. Le blé russe a suivi la même tendance haussière, mais il reste bien plus compétitif que les blés européens sur les premiers mois de la campagne à venir – cependant que les semis de blés de printemps avancent bon train en Russie. La poursuite de la hausse des prix sera toutefois difficile à entretenir si les excellentes récoltes qui pointent leur nez en mer Noire et, probablement, en Europe se confirment. Pendant ce temps, sur la scène internationale, le Maroc a annoncé la remise en place d’une taxe dissuasive à l’importation de 135 dollars/tonne à partir du 1er juin pour protéger sa production locale de blé dont la récolte va démarrer. La question est désormais de savoir quand les portes à l’import seront à nouveau ouvertes, alors que le Maroc devra recourir plus massivement à l’importation au cours de la prochaine campagne pour faire face à une récolte fortement pénalisée par la sécheresse.
Dans l’U.E les conditions de culture sont excellentes et le Coceral (Comité du Commerce Européen des grains) a revu en hausse ses prévisions de production chez les 28, les portant à 140,3 Mt contre 127,4 l’an dernier. L’hexagone, notamment, présente un très bel état des cultures et ces belles perspectives de récolte n’incitent pas les acheteurs à se précipiter. Le marché physique, en vieille récolte se maintient pourtant à 174 €/t rendu Rouen alors que la nouvelle cote, en dégagement, 170 €/t.
Maïs
Moins de la moitié des surfaces de maïs emblavées aux Etats-Unis au 20 mai, soit le plus bas niveau depuis que l’on tient ce genre de comptabilité, en 1980 ! C’est le résultat du déluge qui a noyé le Midwest depuis le début du mois de mai, et fait décoller les prix du maïs, principal moteur à la hausse de l’ensemble du complexe céréalier depuis quelques jours. On pourra toujours objecter que les agriculteurs US sont capables de semer des surfaces gigantesques en un temps record, la situation devient de plus en plus compliquée, car la météo n’est guère optimiste pour les quinze jours à venir. Si les pluies se poursuivent comme prévu, il est fort probable que les surfaces en prendront un coup, et que le décalage des cycles du maïs pourrait être préjudiciable à la récolte. Le contrat juillet du maïs à Chicago, qui a traité à son cours le plus bas le 13 mai dernier, a enchaîné plusieurs séances de hausse pour traiter à son plus haut niveau depuis le mois de mars, ce mercredi, avant de reprendre son souffle le lendemain. Le cours du maïs a ainsi progressé de près de 15 $/t en moins de deux semaines sur le marché à terme américain. La panique qui s’est emparée du marché de Chicago pourrait perdurer si, comme le prévoit la météo, les précipitations ne se tarissent pas pendant les quinze jours à venir. Le maïs états-unien est en outre menacé par le temps plutôt froid et humide annoncé par certains modèles pour les mois de juillet et d’août. Le marché météo n’a donc pas fini de faire parler de lui. On pourra toutefois souligner les stocks mondiaux très importants attendus à la fin de la campagne actuelle, auxquels devrait s’ajouter une très bonne récolte sud-américaine. La pénurie n’est pas encore en vue.
Le marché français n’a pas répercuté le mouvement haussier observé outre-atlantique. Les cours de cette fin de campagne restent toujours sous la pression des importations de maïs en provenance des Pays-Tiers et de la perspective d’une belle récolte de céréales à paille.
Orge
Le marché de l’orge ne brille pas par une activité débordante en cette fin de campagne. Les prix ont toutefois connu un petit soubresaut en début de semaine, de concert avec le blé - avec en outre quelques chargements à couvrir. En nouvelle récolte, l’orge fourragère affiche sa solidarité avec le blé et reprend quelques euros, le rendu Rouen repassant au-dessus de 161 euros/tonne. Comme le blé, le prix de l’orge nouvelle récolte a culminé mardi avant de céder un peu du terrain conquis ces derniers jours. Il faudra surveiller l’évolution des prix russes, qui, eux, se sont affaissés, probablement du fait de la perspective de bons rendements.
Le cours des orges de brasserie d’hiver frémit un peu, reprenant 2 euros/tonne sur le Fob Creil, à 173 euros/tonne, tandis que le prix est inchangé en orges de printemps (185 euros/tonne). Les dernières notations de cultures publiées par FranceAgriMer reflètent toujours une situation favorable à de bons rendements pour les orges d’hiver, et nettement meilleures que l’an dernier à même époque concernant les orges de printemps.