Marché des céréales
Le manque d’eau inquiète les opérateurs
Blé
Sur le marché mondial, les cours du blé s’affichent en berne cette semaine. La baisse du cours du maïs à Chicago, due aux ventes de maïs américaines en berne, a tiré les prix du blé vers le bas.
En rendu portuaire, le blé français s’affiche à 169€/t, perdant 2€ depuis vendredi dernier. Les blés de la mer Noire restent compétitifs sur la scène internationale. Le blé russe s’est imposé une nouvelle fois dans l’appel d’offres du GASC, l’organisme étatique égyptien d’importation de blé. Ce dernier a acheté ce mercredi 60kt de blé russe. Mais pour l’heure, depuis début juin, ce sont les origines roumaines qui sont majoritaires dans les appels d’offre du GASC (62% des volumes achetés, cf. graphe).
Les volumes de récolte sont plutôt satisfaisants pour les principaux pays européens. Même si la production européenne a été revue en baisse par rapport aux précédentes estimations de Stratégie grains, la récolte est tout de même attendue en hausse pour la campagne 2019/20, à 140,6 Mt contre 127,1 Mt l’an dernier. Allemagne et France comptabilisent à eux-seuls une augmentation de la production +6Mt de blé tendre par rapport à l’année dernière.
Avec une production en hausse par rapport à la campagne précédente pour les principaux pays exportateurs de blé (UE, Russie, Ukraine, Canada), la concurrence à l’export s’annonce tendue. Ajoutant à cela un stock de report au niveau mondial important (286 Mt en 2019/20 contre 275 Mt en 2018/19 et 281 Mt en 2017/18 selon l’USDA), on peut s’attendre à ce que les cours mondiaux du blé restent sous pression dans les prochains mois.
Pour l’heure, le blé français s’exporte vers ses destinations phares. On charge cette semaine 30kt de blé pour l’Algérie au départ de La Pallice. Sur la campagne 2018/19, le blé tendre français a représenté 85% des origines déchargées dans les ports algériens selon France Export Céréales. Mais, globalement, la France a perdu des parts de marché sur l’Afrique subsaharienne, où les grands gagnants ont été les russes, présents dès le début de la campagne et pour une longue période.
Maïs
En France, le manque d’eau préoccupe les opérateurs. Le Bureau de recherches géologiques et minières précise au 11 juillet que la baisse du niveau des nappes souterraines s’est fortement accélérée au cours du mois de juin. Cette baisse, pas totalement inhabituelle en cette période estivale est tout de même précoce. Les arrêtés de limitation de l’irrigation deviennent nombreux sur le territoire. Au final, l’alimentation hydrique inquiète beaucoup plus les opérateurs que les fortes chaleurs à venir. Aux Etats-Unis, les conditions météorologiques sont également à surveiller. Lundi dernier, l’USDA annonçait cependant une amélioration de l’état des cultures en maïs.
Cette inquiétude ne se traduit cependant pas dans le marché. Les cours au niveau mondial demeurent en berne dans un contexte d’une baisse des ventes de maïs américaines et d’une offre mondiale importante.
Cette semaine, la Conab, organisme étatique brésilien, annonçait prévoir une forte hausse de la seconde récolte de maïs, la safrinha. Le Brésil est le 3ème producteur de maïs au monde. Mais, pour l’heure, Stratégie grains prévoit une baisse des importations en provenance des pays-tiers. Le blé et l’orge seront a priori incorporés en plus grande quantité dans les formulations des fabricants d’aliments européens par rapport à la campagne dernière.
L’Union européenne vient de conclure un accord avec le Mercosur (Etats de l’Amérique latine) qui vise à une élimination progressive des droits de douane pour les produits sud-américains importés en Europe. Pour le maïs, l’accord prévoit un contingent de 1 million de tonnes à droit nul pour le maïs et le sorgho, avec une mise en place par étapes. A suivre.
Orges
Sur le territoire français, rendements et qualité semblent être au rendez-vous. Les volumes d’orges sont prévus conséquents, avec des estimations allant même au-delà des prévisions d’Agreste parues la semaine dernière.
Le cours de l’orge française a repris un peu de valeur cette semaine, mais globalement l’écart avec les prix de la mer Noire s’est resserré depuis le mois dernier selon Stratégie grains. Cela permet à la France de se repositionner sur les marché export. Cette semaine, 93,5kt d’orges sont partis des ports français à destination de la Chine.