Marché des céréales
Des exportations record de blé vers les pays tiers
Blé
Les marchés à terme américains sont à la baisse cette semaine, et particulièrement ce mercredi, en raison de l’inquiétude des marchés quant à la demande dans le contexte de la pandémie mondiale. Il est désormais question aux Etats-Unis que le gouvernement dépense plus de 15 milliards $ pour assurer un bon approvisionnement des denrées alimentaires. Le marché à terme d’Euronext a suivi le mouvement en perdant près de 3€.
Le bilan offre et demande publié par FranceAgrimer apporte en effet des inquiétudes sur les débouchés du blé français sur le marché intérieur. La meunerie tourne au ralenti et l’office a baissé de -5% les utilisations de blé dans ce secteur. Mais c’est surtout en éthanolerie que la baisse est la plus importante : près de -10% par rapport aux estimations du mois dernier, avant le début du confinement.
Par contre, l’exportation de blé vers les pays tiers a été réhaussé de +500kt par rapport au mois dernier dans le bilan français, portant l’estimation d’exportations en fin de campagne à 13,2Mt. Après un mois de mars très dynamique (Chine, Algérie, Maroc), les embarquements sur le mois d’avril sont également prévus à un rythme soutenu. Et la baisse du marché à terme de mercredi a permis au blé français d’être compétitif face au blé russe lors du dernier appel d’offre de l’Egypte : l’offre françaises en Fob était inférieure de 5$ à l’offre russe. Au final, 3 bateaux, soit 180kt, de blé français ont été achetés par l’office égyptien pour des livraisons fin mai/début juin. Plusieurs pays du Moyen Orient et d’Afrique du Nord semblent se tourner vers des achats de précaution, dans ce contexte de pandémie.
Malgré tout, la performance française à l’exportation ne permet pas de combler la baisse d’utilisation sur le marché intérieur et d’exportations vers les pays de l’Union européenne. Au niveau UE, la consommation animale de blé dans les aliments recule légèrement ce mois selon Stratégie grains, en raison d’une baisse de compétitivité du blé, et d’une demande animale plus faible.
Pour Stratégies grains, la situation sanitaire actuelle ne semble avoir qu’un effet limité sur les flux intra-coomunautaires. Les mesures sanitaires ralentissent les transports par camion faute de chauffeur ou en raison des délais au passage des frontières. Cela est néanmoins compensé par un trafic routier par ailleurs bien plus fluide que la normale, ainsi que par une compensation par le fret ferroviaire et fluvial.
Le bilan français s’alourdit de 164kt, à 2 610kt.
Maïs
Le cours du maïs à Chicago continue sa chute vertigineuse entamée début mars, il est au plus bas depuis plus de 3 ans.
La situation de l’éthanol outre-Atlantique est catastrophique. Aux Etats-Unis, la production d’éthanol a chuté de 102 000 barils par jour et les stocks se sont renforcés de 378 000 barils, ce qui représente deux records historiques : la plus faible production à 570 000 barils par jour et le plus haut niveau de stocks à 27,47 millions de barils. En d’autres mots, la production d’éthanol s’est effondrée de 45 % en l’espace d’un mois seulement.
Orge
France Agrimer a revu les utilisations d’orges en malterie à 255kt, soit une baisse de -15% par rapport à l’estimation du mois de mars, l’industrie de la malterie et de la brasserie étant en grande difficulté. Les exportations d’orges vers les pays-tiers sont légèrement revues à la hausse (+100kt) ce mois-ci, à la faveur d’une demande importante notamment de la part de l’Arabie Saoudite. Cette dernière est revenue aux achats en fin de semaine dernière. Le pays semble avoir précipité ses achats, de crainte de voir sa logistique perturbée à cause du développement de l’épidémie. Ce sont ainsi 600 kt qui ont été contractualisées par l’organisme étatique saoudien.
Malgré tout, le bilan français s’alourdit encore un peu, avec un stock de fin de campagne prévu à 1 875kt (1 326kt en 2018/19).