Marché des céréales
Des marchés céréaliers atones
Les marchés des céréales ont été relativement calmes cette semaine malgré la publication de nombreux rapports et un contexte mondial toujours lourd. En toile de fond nous retrouvons le conflit en Ukraine et les questions qui se posent sur la pérennité du corridor d’exportation en Mer Noire à la suite des récentes déclarations de Vladimir Poutine qui accuse les pays européens d’être les principaux bénéficiaires de ce corridor, au détriment des pays qui en ont le plus besoin. Mais également les craintes portant sur l’approvisionnement en énergie en Europe pour ces prochains mois.
Dans ce contexte, le France et la Roumanie ont signé la semaine dernière un accord ayant pour objectif de favoriser les expéditions ukrainiennes vers les pays en voie de développement. Tous ces évènements ont eu un impact relativement faible sur les marchés.
Du côté du maïs, les nombreux rapport parus cette semaine s’accordent sur une baisse de la production. La production mondiale est estimée en baisse à 1 172,58 millions de tonnes (Mt) par l’USDA (contre 1 179,61 Mt le mois dernier) en raison de la baisse de production attendues aux Etats-Unis (354,19 Mt contre 364,73 Mt le mois dernier) et dans l’Union Européenne (58,8 Mt contre 60 Mt le mois dernier). Cette baisse est sans surprise compte tenu des conditions chaudes et sèches subies par cette culture pendant l’été. La production ukrainienne est attendue en hause de 1,5 Mt de 30 Mt à 31,5 Mt, mais les conditions de stockage et d’exportations seront à surveiller dans un climat de remontée en puissance du conflit sur le terrain.
En France, Agreste (le service statistique du ministère de l’Agriculture) a publié le 13 septembre son estimation de récolte à 11,3 Mt pour le maïs, soit la production « la plus faible depuis 1990 ». Cette baisse s’explique notamment par une baisse des rendements à 84,4 q/ha contre 104 q/ha l’an dernier. Certains analystes pensent ces chiffres surestimés.
Du côté du blé la tendance s’inverse avec une production mondiale estimée en hausse par l’USDA, à 783,9 Mt (en hause de 4,3 Mt par rapport au mois passé), en raison d’une hausse des estimations de production en Russie et en Ukraine, respectivement à 91 Mt (contre 88 Mt le mois dernier) et 20,5 Mt (19,5Mt). Le ministre de l’Agriculture ukrainien maintient une estimation de production un peu plus faible à 19,2 Mt.
En France, Agreste a révisé à la hausse sont estimation de production à 34,1 Mt (en hausse de 0,2 Mt par rapport au mois dernier). A cela il faut ajouter les chiffres de FranceAgriMer qui revoit à la baisse ses chiffres d’exportations pays-tiers (10 Mt contre 10,3 Mt en juillet), en raison de la reprise des exportations en Mer Noire, du maintien du corridor et de la compétitivité de ces céréales.
A noter également l’augmentation de la consommation par les Fabricants d’Aliments du Bétail (FAB) qui passe de 3,9 Mt à 4,4Mt. Bien que les conditions sanitaires ne soient pas réunies avec une réapparition de la grippe aviaire sur le territoire français durant ces dernières semaines, le blé profite du prix élevé du maïs et devient compétitif en formulation pour les FAB.
Point d’attention de ces prochaines semaines : la production mondiale de riz. La sécheresse de cet été et le déficit hydrique associé a fait souffrir toutes les cultures de l’hémisphère Nord, y compris celles du riz en Inde et en Chine. Afin d’anticiper la baisse de production et la réduction des volumes sur son marché intérieur, l’Inde a mis en place une taxation de 20% des exportations. Cette restriction à l’export pourrait entraîner une recrudescence de la demande en blé.
Le marché de l’orge évolue dans le sillage des autres céréales. Ce marché est marqué par un fort manque d’activité, la Chine notamment est toujours absente aux achats en raison de son ralentissement économique dû aux confinements successifs. Son utilisation par les FAB est revue en légère hausse par FranceAgriMer passant de 1,2 Mt à 1,3 Mt mais pas suffisant pour dynamiser ce marché.