
Marché des céréales
Le dynamisme de l’exportation dope les prix du blé
Blé
Cette semaine le cours du blé sur le marché à terme européen a rebondi par un euro compétitif et une bonne demande sur le marché physique où les primes ont également tendance à se raffermir. Le contrat mai 2019, dernière cotation pour la campagne en cours s’arroge une reprise de 3,5 €/t. Les prix en rendu portuaire, pour des disponibilités immédiates s’apprécient de 4,5 €/t. L’étroitesse des offres pour couvrir les demandes de compléments de chargements de bateaux soutient les prix. La dynamique à l’exportation s’accélère. Les chargements relevés dans les ports français sont conséquents, particulièrement à destination de l’Algérie et du Maroc. L’appel d’offres algérien de 120 000 t de blé tendre, livrable en mai-juin, devrait être majoritairement couvert en origine française. On signale aussi un regain d’intérêt des utilisateurs pour le marché intérieur, mais le manque d’offres limite les transactions.
Mercredi prochain, le conseil céréales de FranceAgriMer pourrait bien alléger de nouveau le stock de report, compte tenu de ce dynamisme de l’export.
On trouvera par ailleurs dans notre rubrique « statistiques et références » les grandes lignes du rapport du Conseil International des Céréréales dont nous retiendrons quelques projections sur 2019-2020. Le CIC prévoit une production mondiale de blé tendre de 759 millions de tonnes (Mt), en progression de 3 % sur l’actuelle faible campagne. Cette reprise de la production se traduirait par un stock de report de 270 Mt, en hausse de 2,4 %, rejoignant celui de 2017-2018.
Orge
Les deux Panamax à destination de la Chine et de l’Iran ont quitté les ports de Rouen et de la Pallice et il n’y a pas de nouvelles grosses affaires en vue, en particulier vers la Chine. Ceci étant, empêtrée dans les conflits commerciaux avec le Canada et l’Australie, la Chine a maintenant un choix qui se restreint pour s’approvisionner. On note néanmoins des chargements intéressants y compris vers l’U.E, et les fabricants d’aliments du bétail manifestent un intérêt plus soutenu. Les cours ont bénéficié indirectement du rebond du blé, la prime restant figée à -10 €, par rapport à l’échéance blé de mai.
Le CIC considère que la production mondiale d’orge atteindrait cette campagne son plus bas niveau depuis 6 ans, mais devrait connaître un vif redressement en 2019-2020 avec 149 Mt, soit + 5 %. Les utilisations progresseraient de 2 %, à 147 Mt, et le stock de report se redresserait de 7 %, après avoir connu cette saison, son plus bas étiage depuis 23 ans à seulement 23 Mt.
Maïs
La publication, le 28 mars, des rapports de l’USDA sur les stocks et les semis aux Etats-Unis à la date du 1er mars a provoqué une grosse surprise et un choc baissier brutal sur le marché à terme de Chicago, en prenant à contre-pied les prévisions des professionnels. Mais c’est surtout le maïs qui a provoqué la surprise, déclenchant la baisse brutale de fin de semaine dernière et surprenant les observateurs indépendants par des chiffres largement supérieurs aux attentes (semis : 92 792 millions d’acres contre 91 332 attendus ; stocks : 8 605 milliards de boisseaux contre 8 335 prévus par les traders). Le choc a été d’autant plus rude que les inondations dans les zones de production américaines laissaient envisager une baisse des emblavements. Il faut cependant considérer que les enquêtes sur les intentions de semis ont été réalisées au 1er mars, avant les inondations. L’effet baissier a été immédiat. Cependant le marché américain a rapidement réagi, prenant en compte le caractère excessif de ces statistiques et affichant plus d’optimisme dans le déroulement des discussions commerciales sino-américaines.
Le marché à terme européen a suivi les mêmes évolutions. Quant à lui, le marché physique dans l'hexagone évolue peu et se contente d’un courant intérieur vers l’alimentation animale. L’importation continue de déferler sur l’U.E. Elle pourrait atteindre selon la Commision 23 Mt pour l’ensemble de la campagne.
Toujours du côté des statistiques, selon le CIC (*), la production mondiale de maïs prévue à ce jour à 1124 Mt pour la campagne 2019-2020 devrait progresser de 10 Mt. Parallèlement le Conseil prévoit une hausse de la consommation et projette des stocks de report à seulement 266 Mt, ce qui serait le plus bas depuis 5 campagnes. Le stock de report chez les principaux exportateurs resterait comparable à celui attendu cette année. Ces chiffres laissent percevoir une situation mondiale moins confortable pour la campagne à venir, mais, en maïs, il est bien tôt pour se projeter : les semis débutent à peine dans l’Hémisphère Nord.
(*) Le Conseil International des Céréales a publié, le 28 mars son rapport mensuel. Une confusion s’est produite dans la brève présentation que nous en avons faite dans notre dernière analyse, la comparaison des chiffres du rapport du 28 mars étant présentée comme la variation entre les chiffres de février et mars pour la campagne en cours, alors qu’il s’agissait de la progression de la production mondiale entre l’estimation pour cette campagne et la projection 2019-2020. Nous rétablissons l’ordre des choses dans le paragraphe ci-dessus, avec nos excuses.